Les négociations d’Alger piétinent depuis leur reprise en fin de semaine dernière. Les travaux n’avancent plus. Belligérants et médiation marquent le pas. Les positions se sont bloquées de part et d’autre entre représentants de Bamako et des groupes armés du nord.
Même si personne ne veut parler de blocage, cela y ressemble fort. Alors que l’élaboration d’un préaccord était attendue ce mercredi, les lignes sont désormais figées dans la capitale algérienne. Les positions des uns et des autres est telle que la perspective d’un préaccord s’amenuise au fil des heures. Les mouvements de la coordination continuent à s’accrocher au fédéralisme et le gouvernement dit clairement n’être pas mandaté pour discuter de ce sujet à Alger. Ce matin, aucune rencontre n’était au programme. Toutes les parties affirment n’avoir pas reçu d’information et disent attendre la médiation pour avoir une idée précise sur la suite des travaux. Selon nos informations, une rencontre a eu lieu hier entre les chefs de délégation des mouvements de la coordination et la médiation internationale. Elle n’aurait pas permis, indique-t-on, de faire bouger la position des groupes armés. Les parties estiment aujourd’hui que la balle est désormais dans le camp de la médiation. Celle-ci doit se réunir cet-après midi pour décider de la suite à donner aux pourparlers.
Face à la revendication du statut du Nord par les groupes armés, le gouvernement réplique par un « non ». Pour lui, cela ne prend pas en compte ce qui est indiqué par le président de la République. Mais selon certains observateurs, « cela fait partie des techniques de négociations », et il fallait s’atteindre à ce dialogue de sourd entre les parties.
Pr. Mamadou Samaké est chargé de cours à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Bamako. Issa Fakaba Sissoko l’a rencontré.
« A mon avis, il ne s’agit pas d’un blocage. Le document qui fait l’objet aujourd’hui de ces négociations est comme la somme des écoutes. Forcément la question du fédéralisme qui avait été posé lors de ces écoutes, réapparaît. Mais de mon point de vue, ce n’est pas un blocage. Ce sont des techniques de négociations.
Non, ce n’est pas un dialogue de sourds dans la mesure où il faut revisiter la feuille de route. Celle-ci dit que les documents qui vont servir de document de base aux négociations, c’est la Constitution du Mali, les différentes résolutions des Nations unies. Dans tous les cas pour pouvoir arriver à un fédéralisme, il faudra passer par un référendum. Or, à ce niveau on sait qui est majoritaire. S’il s’agit de prendre en compte les spécificités culturelles et sociales des différentes communautés, le processus de régionalisation prend en compte ces différentes dimensions. L’important c’est de préserver l’intégrité du territoire du Mali, sa forme républicaine en tant qu’état unitaire, son caractère laïc. A mon avis, les groupes armés ont souscrit à cela ».