La recrudescence de actes terroristes dans le nord du Mali ces dernières semaines a conduit les Nations unies à réagir sur la nature de sa mission. Ce week-end Hervé Ladsous, le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a parlé de mettre en place une stratégie « plus offensive de la Munisma ».
Dans sa déclaration, Hervé Ladsous a répondu indirectement à l’ultimatum du Tchad. Il y a quelques jours, N’Djaména s’est ému des menaces auxquelles est confronté son contingent au Mali.
Devant une opinion publique tchadienne de plus en plus réticente, la Minusma a, dans un premier temps, réaffirmé la présence indispensable des Casques bleus tchadiens dans les zones les plus sensibles.
En déplorant ce week-end la faiblesse actuelle de la mission, due à la réduction de la présence des forces française, et la quasi absence de l’armée malienne dans le nord, Hervé Ladsous a reconnu la situation mise en évidence par les Casques bleus tchadiens.
Il a ainsi évoqué un autre mandat plus offensif de la Minusma. Cette question va faire l’objet de plusieurs réunions dès cette semaine au siège des Nation unies à New-York. Le conseil de sécurité qui siégera le 8 octobre prochain pour examiner la situation du Mali, devrait préciser les contours de la nouvelle stratégie des forces onusiennes dans le pays.
Ces dernières attendent davantage de moyens pour aller chercher les groupes jihadistes avant qu’ils ne passent à l’acte comme l’a rappelé le patron des forces de maintien de la paix.
Pour beaucoup d’observateurs, « la stratégie plus offensive » réclamée par Hervé Ladsous est une nécessité au regard de la nouvelle donne sur le terrain. Selon Boubacar Bah, spécialiste des questions de sécurité, la Minusma doit multiplier les patrouilles en attaquant les groupes jihadistes dans leurs bases. L’un des moyens pour y parvenir est de traquer la circulation des motos.
« La question c’est d’identifier les gens, identifier ceux qui circulent sur ces motos. Les groupes armés terroristes ont changé de mode opératoire. Dans les véhicules, ils sont beaucoup repérables avec les drones et les moyens de contrôle aériens. A moto, ils sont moins visibles et ils peuvent bouger en grand nombre, essayer d’occuper une air beaucoup plus vaste. Il semblerait que ces derniers temps, les actions qui ont été menées en terme de mines posées dans certaines zones, ont été faites à moto. Et aujourd’hui, on se rend compte que ces motos qui circulent ne sont pas contrôlées.
La Minusma doit changer de stratégie sur le terrain. Il faut aller sur le terrain, chercher ces groupes là, les identifier. C’est à dire qu’il ne faut plus rester dans les villes, sécuriser certains marchés, certaines voies stratégiques, les chercher dans leurs cachettes, partout où ils se trouvent. Ils sont dans des positions défensives dans ces montagnes, donc il faut les chercher. Et la Minusma doit s’impliquer dans ce domaine, et utiliser beaucoup plus le matériel aérien en identifiant ces gens là. Il ne s’agit pas pas de rester dans la défensive. La Minusma doit aller à l’offensive avec d’autres troupes et avec des moyens beaucoup plus accentués ».