La communauté humanitaire au Mali reste confrontée à une situation d’urgence complexe. Apporter une aide adéquate aux centaines de milliers de personnes touchées par le conflit reste un immense défi, dans un contexte d’instabilité, d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Les crises alimentaires successives ont considérablement affaibli les capacités de subsistance des foyers les plus pauvres.
On estime que 4,7 millions de Maliens risquent l’insécurité alimentaire. En 2014, 567.000 enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë et 154.000 d’entre eux souffriront de sa forme la plus sévère. Le conflit et les pluies irrégulières se sont traduits en des récoltes décevantes. La crise alimentaire affecte l’ensemble du pays, mais est particulièrement grave dans le nord, bien que davantage de gens soient concernés dans le sud, qui est plus fortement peuplé.
Dans le nord du Mali et dans la région centrale de Mopti, près d’un million de personnes ont besoin d’une aide alimentaire immédiate. Au sud du pays, 1,3 million de personnes ont besoin d’une assistance alimentaire.
La région de Ségou où vivent deux millions et demi d’habitants n’est pas épargnée. 12 % de sa population est malnutrie, et 8 % ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence, principalement les femmes et les enfants. A cela s’ajoute la situation des 8000 déplacés des camps sur place. Plus de 278 000 Maliens sont encore réfugiés ou déplacés à l’intérieur du pays. Au sein des camps, des efforts sont fournis pour améliorer la distribution de nourriture, la prestation de soins nutritionnels et l’accès à l’eau potable. Mais la malnutrition continue d’inquiéter.
Face à cette situation préoccupante, la Chef du bureau OCHA au Mali tire la sonnette d’alarme. En mission d’évaluation sur la situation humanitaire dans la région de Ségou, Mme Ute Kollies demande « des « actions coordonnées » des différents acteurs humanitaires.
« Près de cinq millions de personnes sont dans l’insécurité alimentaire dans le pays. La plus part d’entre eux est dans le sud. On parle d’une situation nutritionnelle très préoccupante dans le sud, la région de Ségou inclue.
Si on regarde les femmes, avec leurs enfants, qui ont de complications, des malnutritions aiguës…ce n’est pas très facile. Parce que le système qui est en place, et qui appuie les enfants et les mères, est à renforcer. Il me semble qu’il est nécessaire de faire un travail au sud pour s’assurer que cet appui est donné. Nous devons vraiment regarder dans la région pour voir ce qu’on peut faire, étant donné que beaucoup d’acteurs humanitaires ont quitté la zone. Ce que j’ai compris après toutes les discussions, c’est la nécessité de renforcement des infrastructures sanitaires et certainement aussi un appui en ce qui concerne la préparation aux épidémies et aux inondations, même si on est vers la fin de la saison des pluies. Il me semble que la coordination entre les différents acteurs indispensable ».