Une délégation du FMI, le Fonds Monétaire International, a débuté aujourd’hui la mission d’évaluation annoncée il y a 3 mois après le gel du versement des crédits accordés au Mali. Le FMI avait suspendu le versement de ses fonds suite à l’achat de l’avion présidentiel et d’ un contrat d’équipements signé par le ministère de la défense.
Au moment de sa décision, le FMI s’était dit « préoccupé » et avait pointé « des faiblesses dans la gestion des finances publiques et identifié des mesures concrètes pour y remédier ».
Parmi ces mesures, Bamako devait s’engager à mener un audit sur les différentes transactions controversées et prendre de nouvelles « directives » sur les passations des marchés publics. C’est tout cela que la mission d’évaluation est venue vérifier.
Ses membres vont s’intéresser tout particulièrement à l’achat de l’avion présidentiel qui a coûté 30 millions d’euros, et au contrat d’armes et munitions passé par le ministère de la Défense pour 105 millions d’euros.
La délégation du FMI va séjourner deux semaines à Bamako. Ce sont les conclusions de son travail qui vont permettre le dégel ou pas des crédits alloués par le FMI. L’institution a débloqué en 2013 plusieurs prêts d’urgence pour un total de quelques 80 millions de dollars au Mali.
Pour certains économistes, le gel des décaissements du FMI a eu de sérieuses conséquences sur tous les secteurs de l’économie. Par ailleurs il a contribué à la perte de crédit du pays aux yeux des partenaires techniques et financiers. Pour eux, la présence de la mission d’évaluation au Mali représentante un enjeu majeur pour le Mali, qui doit convaincre.
Etienne Fakaba Sissoko est économiste, chargé de cours à l’université de Bamako.
« Les enjeux pour notre pays, c’est de convaincre : convaincre de l’opportunité de l’achat de l’avion présidentiel, c’est de convaincre que le Mali entamera des réformes pour clarifier un certain nombre de problèmes dans les procédures de passation des marchés publics, c’est aussi de convaincre les autres partenaires du Mali, qui se sont retirés à la suite de l’achat de cet avion, de revenir dans le cercle des affaires du Mali. Donc, il y a un seul mot d’ordre à l’ordre du jour : c’est de convaincre les partenaires et financiers et de les amener à revenir sur leur décision.
Nous sommes dans une situation de crise, donc il faut des mesures de crise. Aujourd’hui, il faut penser à la réduction du train de vie de l’Etat qui est à mon avis indispensable pour nous en sortir, il faut mobiliser l’épargne des ménages et les investissements des opérateurs économiques en créant par exemple la Banque publique d’investissement, il faut élargir le bassin fiscal afin de permettre à un ensemble de Maliens (tels les opérateurs économiques) de payer effectivement leurs impôts, réduire le long paiement des impôts, mais aussi et surtout, il faut réduire les caisses de souveraineté de l’Etat ».