Les groupes armés devraient conclure aujourd’hui leurs négociations préparatoires à la rencontre d’Alger. Les responsables de ces différents mouvements se sont retrouvés pour établir une plate -forme commune. Objectif délicat, tant les approches sont différentes entre la tendance favorable à un statut particulier de l’Azawad et celle du maintient de l’unité nationale.
Six mouvements politico-militaires sont présents à Ouagadougou, le MNLA, le HCUA, le MAA 1 et 2 , la CPA, la CMFPR (2). Ensemble, il veulent définir les contours de la future gestion du nord du pays. Selon certaines informations qui ont filtré de leurs échanges, les mouvements seraient parvenus à un consensus, notamment le statut du nord du Mali. Le dénominateur commun est qu’il faut un statut particulier pour toute la région de l’Azawad. L’un des participants revendique une « une large autonomie administrative, culturelle et économique », par rapport au pouvoir central de Bamako. Cette position est décrite par certains observateurs comme un retour en arrière. Elle remet en cause les déclarations des mouvements ces derniers mois qui affirmaient être attachés à l’unité du pays. Du coup certain participants de la rencontre s’emploient à relativiser cette option. Ibrahim Kantao, parlant au nom de Coordination des mouvements des forces patriotiques pour la résistance, estime que « dans un processus comme celui-là, où pour la première fois tout ce monde se retrouve, il y a à s’expliquer pour qu’on arrive à accorder tout cela de façon définitive ». La réunion devrait s’achever dans la journée
Selon les groupes armés l’objectif de la rencontre de Ouaga était d’harmoniser les points de vue. L’un des responsables explique qu’à Alger, il sera question de revendiquer « l’autonomie ». Mais selon lui, cela ne remet pas en question le caractère laïc et républicain de l’Etat malien.
Moussa Acharatmane, est membre de la Cellule de communication du MNLA.
« On s’est juste entendu sur des principes. Je pense que les uns et les autres prendront le temps de voir éventuellement comment tout cela peut se mettre en œuvre. Pour le moment, il faudra que chacun fasse preuve de respect des engagements en vue des futures négociations. Nous demandons le minimum pour nos populations, ne ce serait-ce qu’une autonomie. L’intégrité territoriale, le caractère laïc et républicain de l’Etat, ce sont des principes généraux qui ont déjà été acceptés, notamment dans les Accords de Ouagadougou et dans la feuille de route qu’on a signée à Alger. Je pense que c’est une question qui ne pose plus, elle n’est pas à l’ordre du jour. Mais le minimum c’est l’autonomie, elle est la seule réponse viable ».
Beaucoup s’interrogent sur les raisons qui font que les groupes armés revendiquent aujourd’hui un statut d’autonomie après l’avoir écarté durant un temps. Cheick Oumar Diallo, écrivain, analyste politique n’y voit qu’une « revendication de forme ».
« C’est une stratégie qui relève un peu de la situation dans laquelle se trouve le Nord du pays depuis plusieurs semaines, notamment avec la création de plusieurs groupes armés. Certains se disant proches de Bamako, d’autres de revendiquant une certaine forme d’autonomie. Et aujourd’hui il faut voir en cela une tentative de rééquilibrer ce qui se fait sur le plan militaire opérationnel sur le terrain. Je pense qu’ aujourd’hui c’est une revendication tout simplement vaine et que, nous savons, ne peut pouvoir être acceptée aussi bien par la médiation d ‘Alger, du Burkina Faso encore moins par le gouvernement de Bamako. Moi, j’aurai été étonné si ce point n’avait pas été soulevé symboliquement par les groupes armés. On devait donc s’attendre que ce sujet revienne une fois de plus, parce qu’il y a toujours des extrémistes dans toute action entreprise ».