Après la Normandie, la Provence célèbre aujourd’hui le 70eme anniversaire de son débarquement du 15 août 1944. Quinze dirigeants africains, dont le président Malien Ibrahim Boubacar Keita, ont participé dans la journée à l’hommage de la contribution essentielle des combattants de l’armée d’Afrique à la libération de la France occupée.
En 1944, dix semaines après « Overlord » en Normandie, 850 embarcations parviennent dès le 15 août sur les plages de Provence dans le sud de la France. 450.000 hommes, parmi lesquels 250.000 Français de l’ « Armée B », placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny. Cette armée qui débarque sur les plages méridionales françaises est essentiellement « l’Armée d’Afrique ». Ses effectifs sont pour moitié composés de Français européens d’Afrique du nord, pour l’autre moitié de 100.000 Maghrébins et de 10.000 combattants d’Afrique noire. Au soir du 15 août, sur 100.000 hommes débarqués, un millier avaient péri .L’opération « Dragoon » dans son ensemble connaîtra une réussite beaucoup plus rapide que prévue . Elle va permettre la libération de Toulon dès le 27 août, et de Marseille le lendemain. L’armée venue d’Afrique va effacer la défaite de la France de 1940 et contribuer à la capitulation allemande à Berlin le 8 mai 1945.
« La participation de l’Afrique à la guerre de libération de la France a été mise de côté par les historiens occidentaux ». Le Pr. Soumaïla Sanogo, historien, chargé de cours à l’Ecole Normale Supérieure de Bamako pointe cet oubli de la mémoire de la seconde guerre mondiale. Pour lui, il faut intégrer davantage cette leçon dans les programmes scolaires maliens .
Issa Fakaba Sissoko a rencontré le Pr. Soumaïla Sanogo :
« La libération de la France par les troupes africaines a été complètement mise à l’ombre. Dans l’histoire, les Africains n’ont pas été beaucoup retenus par les historiens occidentaux.
L’effectif de ces combattants doit être certainement beaucoup plus élevé au niveau de l’Afrique du Nord, mais au niveau de l’Afrique occidentale, et précisément dans notre pays, je crois qu’ils sont très peu maintenant.
Ce que nous reprochons à l’Europe, c’est ce qui est malheureusement arrivé au continent africain : les jeunes ne savent pas beaucoup de choses sur la participation africaine dans la seconde guerre mondiale et même dans la première, même si on a encore quelques témoignages, notamment les monuments. De façon sommaire on parle de la participation africaine dans la second guerre mondiale dans nos écoles. En réalité, les enfants savent très peu de choses la-dessus. Je pense que cette leçon doit être totalement intégrée aux programmes officiels. Et il faut donner la place qu’il faut pour que les enfants se rappellent encore une fois de ce passé très très important. Cela, pour qu’on ne nous regarde pas comme si nous étions des téléspectateurs passifs des conflits internationaux ».