Selon les rapporteurs de la majorité et de l’opposition, les opérations Serval et Sangaris sont loin d’être finies. Les députés ont présenté hier leur rapport sur la présence militaire française en Afrique.
Au Mali, où la France compte encore environ 1.800 soldats, le scénario de sortie de crise reste, selon le document, incertain pour deux raisons principales. Les parlementaires notent que, d’une part, le « passage de relais » à d’autres forces « paraît pour le moins compliqué », en raison notamment de la lenteur de la mise en place de la Minusma. La deuxième raison, « est que le processus de réconciliation entre Maliens piétine ».
Les rapporteurs mettent en particulier en garde contre ce qu’il qualifient « d’arrangement politique mal ficelé » qui déboucherait, selon eux, « sur une paix fragile ».
Les deux députés qui se sont rendus durant plusieurs mois sur le terrain dénoncent vivement le manque d’engagement européen.
L’opposition malienne se félicite de la prolongation du mandant de Serval au Mali, mais exige que la présence des forces françaises soit « cadrée » par les autorités maliennes. Elle constate que « malgré cette présence, une partie du territoire échappe au contrôle du pouvoir de Bamako ».
Amadou Koïta, président du Parti Socialiste « Yélé Kura » (membre de l’opposition) : « Nous estimons aujourd’hui qu’il appartient aux autorités maliennes de cadrer surtout la présence des forces françaises au Mali. Certes l’opération Serval est venue aider les forces armées et de sécurité maliennes à libérer le Nord de notre pays, mais force est de reconnaître que la souveraineté du Mali n’existe plus sur Kidal et sur une grande partie de Gao et de Tombouctou. Nous, nous estimons que le gouvernement du Mali, et la présidence de la République doivent prendre aujourd’hui les mesures idoines afin de déterminer le cadre d’intervention de Serval. Malheureusement, jusqu’à présent une partie du Mali est sous contrôle des forces hostiles aux forces armées maliennes. Et si l’Assemblée nationale (française), vote la prolongation de ce mandat sans que les autorités maliennes n’aient un mot à dire, cela veut dire qu’il y a une inquiétude. Il y a même quelque part un piétinement de la souveraineté de notre pays. L’accord de défense ou la coopération militaire que le Mali entend signer avec la France, nous souhaiterions avoir les tenants et les aboutissants de ce document. C’est vrai, Serval est là pour combattre les jihadistes et les narcotrafiquants. Mais ceux qui facilitent leur présence sur le sol malien, nous savons tous que ce sont le MNLA et acolytes. Donc, si on veut guérir un mal, on va à la racine. Pourquoi Serval n’aide pas le Mali à créer la sécurité dans le septentrion du Mali ? »