Après les événements du 17 et 21 mai derniers à Kidal, l’Assemblée nationale s’apprête à la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire. Elle a été officiellement saisie hier sur demande de certains députés. Si on ignore encore le jour précis de la désignation de cette commission, les députés, majorité et opposition, s’accordent sur son utilité.
Les différents groupes parlementaires sont unanimes sur la nécessité de créer cette commission pour comprendre ce qui s’est réellement passé à Kidal. Et le week-end dernier, le ministre de la défense démissionnaire, Soumeylou Boubeye Maïga, l’avait réclamait au cours d’une intervention publique pour la première fois depuis son départ du gouvernement.
Hier à l’Assemblée, les quatre élus de son parti ont officialisé la demande. « C’est un devoir pour l’Assemblée nationale, l’institution la plus représentative du peuple, de chercher à connaître les causes de cette tragédie et de situer les responsabilités afin d’informer la nation entière », lit-on dans leur lettre adressée au président de l’Assemblée nationale.
Au RPM (majorité présidentielle), on n’est pas contre la création de la commission. Ici, le vice-président du groupe, Oumar Traoré, cité par le quotidien « L’Essor », a rappelé que cette idée de création d’une commission parlementaire n’est pas nouvelle.
Au groupe parlementaire d’opposition, VRD, le vice-président Seydou Diawara est d’avis que la création de la commission, « entre dans l’ordre des choses au regard du contexte actuel ». « De graves événements se sont passés à Kidal et les incertitudes sont plutôt nombreuses » estime le député, pour qui, il est donc important pour l’opinion que certains points importants soient éclaircis. Notamment : Qui a donné l’ordre de lancer l’offensive ? Quel était l’état de préparation de nos troupes ?
Si on ne sait pas encore quel jour exactement cette commission sera mise en place, elle devrait intervenir incessamment, nous a confié une source à la Commission loi de l’Assemblée nationale.
Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’Homme, AMDH, a été joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Cette Commission va changer beaucoup de choses dans la démarche, parce que nous pensons que le peuple a droit à l’information. Ce droit à l’information est reconnu dans les tous instruments juridiques que le Mali a ratifiés. Mais seulement, nous voulons attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur le fait que, si cette est créée, il faut qu’elle aille jusqu’au bout de ses investigations afin la lumière soit faite sut tous les points d’ombre. Si la MINUSMA et Serval jouent pleinement leurs rôles, cette enquête doit pouvoir aller jusqu’au bout.
Dans l’Accord de Ouagadougou, il est dit que la communauté internationale est prête à mettre les moyens à la disposition du Mali pour que la lumière soit faite sut tous les groupes qui ont intervenu au Nord : comment ils ont intervenu ? Comment les administrateurs civils ont été abattus, exécutés sommairement ? Voilà, c’est ce dont le peuple a besoin.
Je crois que nous avons une justice qui est complètement outillée par rapport aux faits qui se sont passés à Kidal. Prendre un militaire et l’égorger, alors qu’il était sans défense, ceci est un crime de guerre. Cela est repris dans notre Code pénal, et les magistrats peuvent bien travailler là-dessus ».