Toujours pas d’avancée dans l’enquête du massacre d’Aguel-Hoc. Cela fait cinq ans que 153 militaires maliens trouvaient la mort suite à l’attaque du camp d’Aguel-Hoc, dans la région de Kidal. Les premiers éléments de l’enquête révèlent « la responsabilité du groupe terroriste AQMI, appuyé par les ex rebelles du MNLA ». Cinq après le massacre, et malgré les mandats d’arrêt, l’enquête piétine et les familles des victimes réclament « justice ».
Les enquêtes ouvertes sur le massacre d’Alguel-Hoc devaient identifier les auteurs et la responsabilité des groupes armés signataires de l’accord d’Alger dans l’attaque du camp militaire. C’était le 24 janvier 2012, aux environs de 5 heures du matin, les rebelles lançaient l’assaut contre la base de l’armée malienne à Aguel-Hoc, dirigée par le capitaine Sékou Traoré.
À court de munitions, les militaires maliens se rendent. Ils seront assassinés le même jour, certains sont tués d’une balle dans la tête, d’autres égorgés. 41 corps de militaires sont retrouvés dans des fosses communes lors du premier bilan.
Quelques jours avant, le 18 janvier, des groupes jihadistes avaient donné le premier assaut contre la localité. Les assaillants ont commencé par couper le réseau téléphonique. En périphérie de la ville, les enseignants et les étudiants de l’Institut de Formation des Maîtres sont faits prisonniers et utilisés comme boucliers humains afin de se protéger d’éventuels raids aériens.
Joint en son temps par les médias, un officier de l’armée malienne a déclaré que « les assaillants sont commandés par le colonel déserteur M’Bam Ag Moussa, dit « Bamoussa ».
Cinq ans après l’attaque, qui a provoqué la mort de 153 militaires maliens, le doute plane sur les auteurs et la responsabilité de certains groupes signataires de l’Accord de paix dans le massacre. Les années passent, l’enquête piétine.
Au niveau du ministère de la Justice, on explique que l’absence de l’administration publique dans la localité rend les enquêtes impossibles. En attendant, les familles des victimes s’impatientent et réclament « justice ».
Les associations des droits de l’homme expriment leur impatience face à la lenteur que connaît l’enquête sur le massacre d’Aguelhoc. L’Association Malienne des Droits de l’Homme AMDH tient à rassurer que ce dossier ne sera pas oublié. Elle interpelle la Cour Pénale Internationale, CPI, pour qu’elle n’abandonne pas cette charge.
Me Moctar Mariko est le président de l’AMDH. Il est joint par Assetou Kanté :
« Tous les Maliens attendent une réponse à cette question. L’État du Mali a porté plainte pour le massacre d’Aguelhoc et pour d’autres crimes. Et comme vous le saviez aussi que moi, la CPI compte tenu du fait de l’inaccessibilité de l’endroit (c’est-à-dire Aguelhoc), à cause de l’insécurité, a voulu se rabattre sur la destruction des mausolées. Et pour le moment, elle nous dit qu’elle n’a pas les moyens de venir enquêter correctement et proprement à cause de l’insécurité qui sévit au nord du Mali. Mais cela ne voudrait pas dire que cette charge a été abandonnée. Nous sommes là pour y veiller avec notre partenaire de la FIDH. J’interpelle la CPI à ne jamais abandonner cette charge-là. Nous avons aussi sollicité la mise en place d’une commission internationale pour pouvoir enquêter aussi en toute impartialité sur tout ce qui s’est passé au nord du Mali précisément à Aguelhoc. J’interpelle la CPI à ne jamais abandonner cette charge-là, parce qu’il y va de la stabilité du Mali, il y va de la lutte contre l’impunité ».