Dans un communiqué publié ce mardi, les organisations de la société civile et les mouvements politico-militaires de Tombouctou et Gao ont annoncé le début d’une mobilisation « non violente » contre l’installation des autorités intérimaires. Ils exigent leur inclusion dans le processus de paix et de réconciliation.
Un vent de contestation souffle à Tombouctou et Gao contre l’installation des autorités intérimaires. Dans un communiqué rendu public ce mardi, les organisations de la société civile et les mouvements politico-militaires de ces deux régions ont exprimé leur hostilité aux autorités intérimaires.
La société civile et les mouvements dissidents de la CMA exigent leur participation à la mise en œuvre de l’accord. Dans la ville des 333 Saints, une centaine d’éléments armés composés des mouvements de la CMFPR2 ont assiégé les locaux du Conseil Régional. Selon ses responsables, leur mobilisation fait suite à ce qu’ils qualifient « d’attitude méprisante et discriminatoire du Gouvernement, de la médiation et de la CMA ainsi qu’au refus catégorique de prendre en compte leurs revendications« .
Ils précisent également que cette mobilisation, non violente va se poursuivre jusqu’à satisfaction de leur revendications.
La branche politique de la CPA estime que la seule solution à ce problème est d’inclure les partis qui contestent l’installation des autorités intérimaires, où d’aller directement aux élections. Par ailleurs, elle salue l’installation de l’autorité intérimaire de Kidal qui s’est déroulée hier après-midi en présence du Ministre de l’administration territoriale mais aussi des responsables des groupes armés et ainsi que des membres de la médiation.
Pour les responsables du CPA, le choix des autorités intérimaires de Tombouctou et Gao touche la dignité de la population, car elle n’a pas désigné ces représentants. Selon son secrétaire général, la solution est de surseoir aux autorités intérimaires et d’aller aux élections.
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun est joint par Assetou Kanté :
«Cette mobilisation est tout à fait logique et normale dans la mesure où les autorités intérimaires doivent gérer une administration intérimaire de proximité. Et malheureusement cette administration intérimaire de proximité a été désigné dans des conditions vraiment pas du tout normale. Maintenant pour le cas spécifique de Kidal nous nous réjouissons quand même qu’au niveau de Kidal, les gens se sont entendus. Parce que là c’est un cas d’exception. Il y’ avait des défis, des défis de reconquête, des défis de retour de l’état et de l’administration. Nous avons vu les drapeaux sur la table hier soir à l’investiture de Hassan Fagaga, nous nous en réjouissons. Mais pour Gao et Tombouctou, il n’y a pas un problème de ce genre. Nous ne voyons pas pourquoi imposer aux populations et aux mouvements signataires de l’accord des représentants qu’ils n’ont pas désigné. Cela touche la dignité de ces populations et ça frustre. La solution c’est d’inclure les partis qui se plaignent d’être exclus. Ou-bien dans une certaine mesure c’est de carrément surseoir aux autorités intérimaires et que l’on parte aux élections c’est tout. Les mobilisations vont se poursuivre à tous les niveaux et elles seront plus intenses les unes que les autres jusqu’à ce que le problème d’inclusivité soit réglé définitivement».
La coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance CMFPR2 de Gao interdit à partir d’aujourd’hui l’ouverture de tout service public et privé dans la ville. Les structures sanitaires et les services d’eau et d’électricité ainsi que les marchés ne sont pas concernés par cette décision. Cette exigence des groupes armés, fait suite à leur demande d’intégration des structures de la mise en œuvre de l’accord.
Moussa Bouréîma Yoro porte parole des mouvements de résistance civile de Gao est au micro de notre correspondant Aly Maiga :
«C’est pour expliquer à la population de Gao que les jeunes, les femmes ont toujours été exclus. Et de tout le temps nous avons demandé à ce qu’il y ait l’implication, donc l’inclusivité de cet accord. C’est ce que nous n’avons rien reçu. L’État a pris des engagements et ces engagements n’ont jamais été honorés. C’est pourquoi effectivement nous avons appelé l’ensemble des populations de Gao pour montrer à l’état que nous sommes là, que nous devrons faire partis des décisions de la mise en œuvre de l’accord et même des suivis de l’accord. Nous allons fermer tout ce qui est service étatique et ONG jusqu’à ce que nos doléances soient satisfaites».
La médiation déplore les mobilisations contre l’installation des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et de Gao. Pour elle, cette progression dans la mise en œuvre de l’accord ne doit pas être interrompue. Le représentant de l’union Africaine au Mali, invite les groupes armés dissidents de la CMA de poursuivre les négociations avec les autorités maliennes, tout en respectant le chronogramme déjà établi.
Pierre Buyoya est joint par Moumine Sindébou :
«La mise en application de l’accord, ne peut pas pour les autorités intérimaires comme pour autre chose satisfaire les revendications de tout le monde en même temps. Il faut inscrire les revendications des uns et des autres dans le temps. Mais il faut accepter qu’on avance. Si j’ai un conseil à donner à ces groupes, c’est de laisser cette étape de mise en application des autorités intérimaires avoir lieu. Et puis continuer à demander aux autorités pour qu’aussi leurs revendications soient entendues surtout pour ceux qui revendiquent une certaine inclusivité. Ce que je souhaite, c’est que le chronogramme qui a été convenu entre les partis soit mis en application dans les meilleurs délais».