Échec des négociations entre les autorités de Bamako et les responsables du Congrès pour la justice dans l’Azawad, CJA. Le processus pour la mise en place des autorités intérimaires reste toujours bloqué suite aux contestations du CJA, qui réclame son implication et la prise en compte de ses revendications. Ce blocage intervient alors que certains partis de l’opposition ont annoncé le boycott de la conférence d’entente nationale.
Cette conférence d’entente nationale est prévue du 27 mars au 2 avril prochains. Cette rencontre qui constitue une étape essentielle du processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation pourrait être entachée par la non installation du collège transitoire à Tombouctou et à Taoudéni.
La délégation gouvernementale conduite par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants Abdoulaye Idrissa Maïga n’a pas pu parvenir à un consensus avec le Congrès pour la justice dans l’Azawad. De sources locales, les parlementaires de la région ont participé à la rencontre. Des engagements auraient été pris pour décanter la situation.
Le CJA exige son implication dans le processus de DDR et « plus de représentativité » dans le choix des autorités intérimaires. Si à Gao un arrangement a permis aux différents groupes armés d’adhérer au processus, à Tombouctou la situation est loin d’être réglée.
Pourtant malgré ce blocage, les consultations se poursuivent pour la tenue de la conférence d’entente nationale. Une délégation de la commission préparatoire est en déplacement au Burkina Faso pour rencontrer les réfugiés et la diaspora malienne. Leur mission est de recueillir les préoccupations et recommandations des Maliens de l’extérieur afin d’intégrer toutes les sensibilités et à tous les niveaux. La délégation prévoit de rencontrer aujourd’hui les réfugiés.
Le Congrès pour la justice dans l’Azawad regrette que la Conférence d’entente nationale se tienne sans parvenir à un règlement de la question de Tombouctou. Selon les responsables du mouvement, « il y a des préalables avant cette conférence qui n’ont pas été pris en compte ».
Hamata Ag Almehidy chargé de communication du Congrès pour la Justice dans l’Azawad. Il est joint au téléphone par Ousmane Nialibouly.
« Une conférence d’entente nationale qui sera organisée dans pratiquement une semaine, pour moi s’est déplorable. Parler d’une conférence d’entente qui est censée conclure l’accord, qui est censée conclure beaucoup de points sur l’analyse des causes profondes de ce conflit, que nous vivons depuis l’indépendance du Mali et même avant, évoquée le mot Azawad pour savoir sa connotation des Maliens, ne me paraît pas possible sans la mise en place effective des autorités intérimaires. Les points de désaccord, sont les mêmes qui ont été annoncés et qui ont fait objet de blocage le mois d’octobre dernier. Des personnes sont là, dans leurs régions et réclament leur inclusion conformément au caractère inclusif de l’accord dans les organes de mise en œuvre, dans les décisions politiques de leurs régions en commençant d’abord par leur implication dans les autorités intérimaires et dans tout ce qui est censé gérer leurs régions ».
Du côté de la Coordination des mouvements de l’Azawad, on se montre sceptique quant à l’issue de la Conférence d’entente nationale. Les responsables de la CMA dénoncent « l’impréparation et la précipitation » qui entourent l’organisation de cette rencontre. Selon eux, les concertations régionales annoncées en prélude à la Conférence n’ont pas eu lieu à Kidal.
Ambéry Ag Rissa, responsable de la CMA :
« La conférence d’entente nationale, ce n’est pas une petite affaire. On parlait de concertations régionales, je n’en ai pas vu à Kidal jusqu’ici, or Kidal est une pièce maîtresse dans le règlement du conflit de ce pays, parce que c’est dans la région de Kidal qu’il y a une sédimentation de problèmes, de griefs depuis l’indépendance jusqu’à maintenant. Il ne suffit pas de réunir quelques centaines de personnes à Bamako, c’est une conférence qui a son importance qu’il faut bien préparer. Ici à Kidal, on ne sait pas de quoi il s’agit.
Donc, on peut dire que vous êtes sceptique quant à l’issue de cette rencontre ?
Très sceptique en tout cas pour la procédure employée et la précipitation employée aussi ».
L’opposition annonce qu’elle ne participera à la Conférence d’entente nationale. Selon elle, ses réserves n’ont pas été prises en compte. L’URD, craint que cette conférence soit « un exercice de défoulement collectif ».
Maitre Boubacar Karamoko Coulibay, vice-président de l’URD :
« Il est évident que la conférence d’entente nationale est un moment fort, telle qu’annoncée si les objectifs visés sont réellement atteints. Mais je n’y crois pas beaucoup. Tout ce que j’ai vu jusqu’ici, s’apparente à un exercice de défoulement collectif. Je ne vois pas un traitement en profondeur de la question. Tout cela me semble un peu superficiel, voir trop folklorique. Il est évident que cette conférence semble être exclusive. L’opposition a fait des demandes particulières qui n’ont pas été prises en considération. Donc l’opposition n’y sera pas. Elle se fera sans une partie des Maliens. Il faut qu’on arrête cela. Il y a des problèmes sérieux. Personne n’est en sécurité. La sécurité n’existe nulle part. Il y a des problèmes de gouvernance, les Maliens ont faim, rien ne va. Parlons de problèmes concrets, des problèmes sérieux. Et après, nous allons mettre en place une feuille de route que le gouvernement exécutera. Une telle conférence qui n’est pas souveraine, qui ne prend pas de décisions sur les gouvernants, je vous dis que ça n’aboutera sur rien ».