La commercialisation et la consommation de la chicha sont désormais interdites au Mali. L’annonce a été faite lundi 15 août 2022 à travers un arrêté interministériel. Selon le document, les contrevenants à cette mesure s’exposent à un emprisonnement de 1 à 10 jours et d’une amende de 300 à 18 000 francs FCFA.
Le gouvernement donne six mois aux importateurs, distributeurs et consommateurs à se conformer à cette décision, selon l’arrêté. A Bamako, beaucoup parmi ceux-ci déplorent la mesure qui, selon eux, portera un coup dur à leurs activités. « Je suis un grossiste, je vends pour les restaurants et pour les petits revendeurs, on emploie plus de 5 personnes. C’est vraiment un coup dur pour nous et pour la jeunesse parce qu’il n’y pas d’emploi », regrette ce vendeur de Chicha. Un autre vendeur abonde dans le même sens « C’est difficile pour nous, nous avons beaucoup de chicha ». Et d’ajouter « nous souhaitons que les autorités prorogent le délai ». Comme ce dernier, beaucoup de revendeurs affirment avoir été pris de court par la décision. Ils auraient préféré qu’ils soient sensibilisés au préalable.
Des consommateurs mécontents
Il était midi au moment où nous passions dans ce Chicha Club au quartier Golf de Bamako. Le club ne désemplit pas. Ici, la salle est envahie de fumée. Des jeunes assis autour d’une bouteille de Chicha à deux la pipent. Ils ne cachent pas leur colère face à la décision d’interdiction du gouvernement. « Si on interdit la chicha on devrait faire pareil pour la cigarette », proteste l’un d’eux. Alors qu’un autre tempère « je pense qu’on pouvait juste l’interdire dans les rues ». Un autre va plus loin « les maliens ont d’autres préoccupations aujourd’hui que l’interdiction de la chicha ». Pour lui, la vente de la chicha nourrit beaucoup de gens.
« Il faut des mesures plus contraignantes pour empêcher la consommation »
Ils sont nombreux à Bamako, ceux qui pensent que cette décision doit être suivie d’actes concrets de la part des autorités. Une position soutenue par Dr Mamadou Guissé, enseignant-chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako. Il affirme qu’il faut d’autres mesures plus contraignantes pour empêcher la consommation de la Chicha. Pour lui, les mesures déjà annoncées par le Gouvernement contre les contrevenants à la décision ne sont pas dissuasives.