Le Conseil de sécurité des Nations unies à New York doit adopter aujourd’hui le renouvellement du mandat de la mission des Nations Unies au Mali. La question de la résolution de la crise dans le nord reste le point central de la poursuite du mandat de la Minusma. A différentes reprises des appels à la reprise et à l’aboutissement des négociations entre Bamako et les groupes rebelles armés, ont été lancés par le Conseil de sécurité et les hauts responsables de l’organisation.
Les déclarations récentes venues du siège des Nations Unies ont toutes pointé du doigt les retards de l’application des accords de Ouagadougou. Hervé Ladsous, le Secrétaire général adjoint du Conseil de sécurité a regretté, il y a quelques jours encore, le peu de progrès vers un dialogue réel. Il a insisté sur la nécessité « d »entamer maintenant des négociations de paix » . La priorité, aux yeux des Nations Unies, reste l’aboutissement du processus politique avant la question de la robustesse du mandat défendu par le ministre des affaires étrangères récemment devant le Conseil.
A ce propos Bert Kondoers, le Représentant spécial au Mali a rappelé à plusieurs reprises que le chapitre VII qui est le cadre dans lequel intervient de la mission est actuellement suffisant pour mener à bien son mandat. La question la plus importante, à ses yeux, est le renforcement des moyens des Casques bleus dans le pays. L’objectif des 12.000 hommes n’est atteint aujourd’hui qu’aux deux tiers. Il faut de plus renforcer les moyens aériens et de surveillance avec des drones. Ce plaidoyer a visiblement été entendu par le Conseil qui a donné son feu vert au déploiement « au plus près des populations » des contingents des Nations Unies. Une concession au Mali . Ce point avait été défendu lors de sa dernière intervention à New York.
Selon Reuters le gouvernement malien souhaite que les Nations unies accélèrent le déploiement de leurs Casques bleus et envoient plus de troupes dans le nord du Mali, où opèrent toujours des groupes armés.
Jusqu’ici, l’Onu a déployé dans ce pays d’Afrique de l’Ouest 8.000 soldats de la paix sur les 12.000 qui doivent y être envoyés dans le cadre de la Minusma.
Il y a une dizaine de jours, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, s’est lui aussi prononcé pour une présence accrue de la Minusma dans le nord du Mali face à la menace de « groupes terroristes ».
« Nous demandons à tous les pays qui fournissent des fonds et des troupes de faire un effort afin que les Nations unies soient en mesure de remplir leur mission », a déclaré mercredi à Reuters le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, en marge d’un sommet de l’Union africaine à Malabo, en Guinée équatoriale.
« La Minusma est relativement statique actuellement, nous aimerions qu’elle sorte des villes pour faire face dans les zones rurales aux forces hostiles qui posent des bombes et mènent des attaques », a ajouté le ministre.
Le quartier général de la force de l’Onu, a-t-il poursuivi, devrait quitter la capitale Bamako pour s’installer dans le nord du pays, à Gao, Tombouctou voire Kidal, bastion des séparatistes touaregs.
Ces derniers, selon le chef de la diplomatie malienne, continuent malgré leurs promesses de collaborer avec les groupes armés islamistes. Lors des affrontements le mois dernier à Kidal entre soldats gouvernementaux et séparatistes touaregs, « il y avait des gens qui brandissaient des drapeaux d’Al Qaïda au Maghreb islamique et d’autres groupes terroristes », a affirmé Abdoulaye Diop.
L’ancienne ministre de la culture, Aminata Dramane Traoré, est auteur d’un livre sur la crise malienne. Elle n’est pas surprise par le rejet des principales propositions du Mali par le Conseil de sécurité. Issa Fakaba Sissoko l’a joint au téléphone :
« Je ne suis pas déçue, ni surprise. Je me dis seulement aujourd’hui que nous devons démystifier la Communauté internationale. L’enseignement que nous devons tirer de cela, c’est de se poser la question de savoir : à quoi servent les casques bleus dans des situations comme les nôtres ?
De toute façon, moi je n’ai jamais fait confiance au Conseil de sécurité des Nations Unies. Si la Minusma et Serval avaient vraiment joué leur rôle, je crois qu’on aurait pu éviter cette situation. Et les Nations Unies doivent l’entendre. Elles sont une structure fondamentalement injuste, compte tenu de la manière dont les résolutions sont adoptées. Ces résolutions là, ce ne sont pas des pays comme le nôtre qui définissent le contenu. L’ONU, de toute façon, a changé de mission, elle n’est pas dans le développement qui aurait du nous mettre et le Nord de notre pays comme le Sud, à l’abri de cette situation que nous traversons. L’ONU n’a pas joué son rôle. L’auto-critique c’est à d’autres niveaux. Nous devons critiquer le système à la lumière de ce qui se passe chez nous, que cette situation soit l’occasion d’apprendre pour notre gouverne et de faire savoir ce qui se passe dans ce type de situation ».