Il fait chaud au Mali. Le thermomètre affiche plus de 48° dans certaines localités du pays en ce mois d’avril. SUr leurs sites, les déplacés internes subissent de plein fouet cette canicule. Les spécialistes de la santé leur conseillent de se mettre à l’abri pour éviter certaines maladies.
Il était 10h sur le site des déplacés de Bawa à Gao. La chaleur est accablante sous les tentes de fortune installées ici qui reçoivent les rayons de soleil. Salamata Babacar fait partie de ceux qui ont quitté Ouattagouna à cause de la crise sécuritaire. L’inquiétude se lit sur son visage en cette période de canicule. Elle indique qu’il fait extrêmement chaud. « Même ceux qui vivent dans les maisons souffrent de la chaleur à plus forte raison nous qui sommes sous des tentes. Nous n’avons aucune solution. Nous n’avons pas les moyens de construire des maisons. Et nous passons notre temps sous les arbres, » déplore la bonne dame.
Elle ajoute qu’il y avait en plus de cette chaleur un manque d’eau sur le site. MAis ce problème a été résolu en partie, à en croire Salamata « des ONG nous amenaient souvent des citernes remplies d’eau. Parfois nous sortons pour aller chercher de l’eau propre dans des bidons », témoigne la déplacée qui demande de l’aide. « Nous demandons au gouvernement et ses partenaires de nous aider. La période de forte chaleur avance. Nous manquons d’abris et d’eau. Les enfants sont les plus touchés par cette situation ».
L’eau potable, une nécessité
À quelques kilomètres de là, Alassane Ag Yéhiya se trouve sur le site des déplacés Tahagla à Ansongo. Ce déplacé se dit inquiet par rapport à la disponibilité de l’eau potable dans sa localité. Pourtant, en période de chaleur, des spécialistes de la santé recommandent d’en boire suffisamment. La situation sur place inquiète notre interlocuteur. « La majorité n’a pas d’abris surtout pour protéger les enfants et les femmes. Le problème d’eau persiste aussi. C’est inquiétant donc pour les déplacés internes! On veut un abri, plus de l’eau potable pour soulager les personnes concernées. »
Au centre du pays, précisément à Youwarou, la situation des déplacés internes se présente d’une autre manière, même si les inquiétudes restent les mêmes. Fady Traoré, une des déplacées décrit leurs conditions de vie. « Nous sommes en location. On est en grand nombre. Certains sont dans la ville et d’autres n’ont même pas d’abris. Il fait chaud. Tout le monde sait que les enfants et les adultes ne sont pas pareils. Nous faisons tout notre possible pour veiller sur l’entretien des enfants. Il nous est difficile d’avoir de l’eau potable. Souvent nous sommes obligés d’aller chercher de l’eau au fleuve, ou au puits. »
Elle lance ensuite un appel aux autorités pour les appuyer en denrées alimentaires et pour une installation d’un point d’eau.
Une vie précaire sous les tentes
Aissata Dagamaissa vit sur le site des déplacés internes de ATTbougou à Ségou. Elle se dit aussi préoccupée par les fortes températures de ces dernières semaines qui peuvent provoquer selon elle, des maladies notamment chez les personnes âgées et les enfants. Avec tristesse, elle nous confie que la vie se mène avec les moyens de bord.
« Il fait chaud. Nous sommes quand même sous les tentes comme ça sans aucun moyen. Pendant la nuit, nous avons peur de dormir dehors car le lieu n’est pas clôturé. Dans la journée aussi le vent chaud souffle beaucoup. Nous n’avons d’autre solution que d’utiliser les éventails pour soulager les enfants et les vieilles personnes », regrette Mme Dagamaïssa qui est aussi préoccupée par le manque d’eau. « Je sais que le manque d’eau peut causer une déshydratation. Or, nous n’avons pas d’eau ici. ».
En plus, elle déplore d’autres facteurs qui aggravent leur situation, « Auparavant, on nous amenait de l’eau de temps en temps mais avec les coupures intempestives, ce n’est plus le cas. Je demande vraiment qu’on nous donne de bons abris, de l’eau et du travail. Quand la situation va s’améliorer on pourra retourner chez nous. »
Situation plus reluisante à Bamako
À Bamako, plus de 330 familles vivent sur des sites de déplacés internes de Faladié, proche du Grabal, (le marché à bétail). Ce site informel a été mis en place en 2019. Des cabanes sont faites de tôles, de bâches et autres matériaux de récupération. Ama Diallo est le responsable du camp de déplacés de Faladié. Contrairement aux premiers intervenants, il pense que la période de chaleur présente moins de pression sur les habitants. « Là où nous sommes, c’est la zone aéroportuaire. C’est pourquoi il ne peut y avoir d’autres maisons. Et nos abris en tôles et bâches ont été construits par le gouvernement et ses partenaires. En période de chaleur, nous avons des espaces où dormir pendant la nuit. »
Selon lui, le temps est plus clément à la périphérie de la capitale. « À chaque fois que nous constatons une forte chaleur deux à trois jours plus tard, il pleut. Cela ne nous dérange pas trop. C’est dû à la position géographique de l’endroit. Nous avons de l’eau potable grâce à une ONG à travers le gouvernement du Mali. Il s’agit de l’eau de robinet », se réjouit-il.
« S’hydrater et éviter de s’exposer au soleil »
Les médecins conseillent à la population de faire attention à cette canicule. Ils préviennent que des précautions s’imposent durant cette période « Certaines maladies peuvent apparaître si le corps supporte mal les températures élevées. Nous avons la dermite due tout simplement à une irritation de la peau. Ce phénomène est lié à une transpiration excessive. Il y a aussi les crampes. L’épuisement résultant d’une perte excessive d’eau et des sels minéraux. Ou encore, la déshydratation qui est fréquente chez les sportifs, les nourrissons et les personnes âgées », explique Dr Dramane Goita, médecin généraliste dans une clinique à Bamako.
Le médecin ajoute qu’il y a également le coup de chaleur qui se manifeste par une perte de connaissance brève survenue principalement après un effort physique dans un environnement chaud.
Les spécialistes de la santé recommandent, pendant cette période de canicule, d’éviter des efforts physiques intenses, de privilégier les baignades, de laisser le corps se reposer, d’éviter de s’exposer au soleil directement et d’aérer les maisons pendant la nuit.
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