En 2025, des déplacés internes veulent être à l’école de la résilience
Site de déplacés de Gao 📷 Studio Tamani/Fondation Hirondelle

En 2025, des déplacés internes veulent être à l’école de la résilience

Nous sommes au premier mois de l’an 2025. Au cours de l’année écoulée, le pays a connu des hauts et des bas. Les personnes déplacées internes ne sont pas en marge de cette situation. Nous vous plongeons dans leur vécu à travers le pays. Elles nous parlent de leurs attentes pour cette nouvelle année.

Reportage

Il est 12H30 et nous sommes sur le site des déplacés internes de Faladjiè. A l’entrée des lieux nous croisons un homme à qui nous demandons où se trouve Hama Diallo, responsable des personnes déplacées sur ce site. Habillé en chemise blanche et pantalon noir, il s’apprêtait vraisemblablement à aller en ville. Hésitant, il finit par nous indiquer où trouver monsieur Diallo.

Dans la foulée, des jeunes au tour du thé sont visibles par endroit, des femmes en groupe font la lessive. A quelques mètres, une femme vendait des poissons frits. Selon elle, « le marché est rentable ». Avant d’arriver chez Hama Diallo, nous rencontrons Sagon Sidibé, responsable des femmes du site. Elle nous explique le vécu des femmes au cours de l’année 2024. « Les difficultés des femmes ont commencé juste après le mois de ramadan. La plupart des femmes ici font le ramassage d’ordures pour vendre. Cette activité est devenue compliquée ces temps-ci. L’hivernage aussi a été un calvaire pour les femmes. Faire la cuisine sous la pluie n’est facile. Tu ne pouvais pas non plus faire du feu dans la case au risque de faire de dégâts. Nous avons passé des nuits sans manger. Le lieu était impraticable après la pluie. On était obligé parfois de sortir pour aller travailler sous la pluie pour permettre aux enfants de manger », nous confie la responsable des femmes femme du site.

Direction Mopti pour aller à la rencontre de Nouhoum Degoga, le responsable des déplacés internes sur le site dénommé « Barbé Plateau ». Selon lui, « certes l’année 2024 a été marquée d’épreuves mais l’assistance des autorités du pays et des ONG n’ont pas fait défaut, même si beaucoup restent à faire ». Il cite comme exemple, « le don du Programme alimentaire mondial (PAM) en vivres et non vivres. Du secours de Save the children pour clôturer les abris au moment des inondations où des dégâts ont été enregistrés ». Cependant, Nouhoum Degoga souligne que sur leur site « l’éclairage n’est pas satisfaisant. Les toilettes ne sont pas assez. Certains déplacés n’ont pas d’abris ». Son vœu pour 2025, est « du travail pour les déplacés avec l’aide des autorités ».

Restons au centre du pays, pour nous rendre à Youwarou. « La résilience des personnes déplacées est une réalité », reconnaît Kola Samaké. Pour ce déplacé interne à Youwarou, tous les maliens et maliennes doivent travailler ensemble pour que la paix et la réconciliation nationale soient garanties au cours de l’année 2025.  « Que la paix revienne au Mali en 2025. Que l’entente, la cohésion sociale et la solidarité soient entre tous les Maliens. Je souhaite que Dieu exauce les vœux de tout le monde. En ce qui concerne la situation sécuritaire, qu’elle soit apaisée à jamais. C’est ce qui permettra que le pays soit vraiment développé et il y fera beau vivre », tels sont ses souhaits pour le Mali.

A Ségou, des déplacés internes soutiennent que les efforts conjugués en leur faveur sont salutaires. Yaya Ag Mohamed, chef de famille qui s’est déplacé sur le site d’Attbougou pense que l’État peut encore mieux faire. « Je suis arrivé sur ce site le 14 août 2021. Cela fait huit mois aujourd’hui que nous n’avons pas reçu de l’aide. En 2025, je veux que les partenaires nous donnent des abris, des vivres, assurent la prise en charge médicale et réparent les toilettes », nous dit ce chef de famille installé sur le site de déplacés internes de Ségou Attbougou. Il sollicite également du travail auprès des partenaires. « Nous sommes beaucoup à avoir abandonner nos champs, nos bétails et nos boutiques pour nous installer ici » affirme-t-il.

Revenons dans le district, notamment dans le camp de déplacés internes de Faladié. Ici, les attentes sont énormes pour entamer la nouvelle année. Si grâce aux partenaires étatiques et aux ONG, les lignes bougeaient en matière d’aide, « aujourd’hui tel n’est pas le cas », nous dit Hama Diallo. Vous vous rappelez certainement, comme indiqué plutôt, il est le responsable des déplacés sur le site.

« En 2025, Nous voulons avoir du travail. Nous voulons aussi de l’aide en termes de vivres. Cela fait quatre à cinq mois que nous n’avons pas reçu de kits alimentaires de la part du gouvernement ou d’ONG », souligne-t-il. Il se réjouit que « les enfants ont des extraits d’acte de naissance » et souligne cependant que « les adultes n’en ont pas. Ils ont tout perdu. Les documents civils permettent aussi de pouvoir voter lorsque les élections se feront ».

Nos interlocuteurs ne désespèrent pas. Ils espèrent mieux en 2025 et encouragent les autorités « à continuer leur lutte pour la stabilité du Mali ».

Ecoutez l’ intégralité de l’émission Fabu dirène: