Les pourparlers inter-maliens doivent reprendre aujourd’hui à Alger avec pour objectif de parvenir à un préaccord. Toutefois, les discussions s’annoncent difficiles compte tenu des tensions actuelles et de la radicalisation des points de vue depuis la fin de des dernières rencontres.
Cette troisième phase doit permettre la restitution des différentes parties sur le document présenté par la médiation en octobre dernier. Ce document qualifié d’« éléments pour un accord de paix définitive » fait la synthèse des points sur lesquels les discussions ont déjà portées. Ils concernent le statut du nord, la question du désarment, celle de la justice et de la réconciliation, ainsi que le développement économique du septentrion.
C’est ce document qui va servir de base aux pourparlers. Le texte ne mentionne pas de fédéralisme ni d’indépendance. Toutefois il propose des réformes institutionnelles et politiques telles que la création de régions intégrées au nord, la mise en place d’un sénat. Des propositions qui divisent les parties. Le clivage sur cette question semble à ce stade insurmontable. Les opinions publiques maliennes et celles du nord sont arque-boutées sur leurs positions. Depuis plusieurs semaines la tension est montée d’un cran au nord. La création d’une coordination des groupes armés, la multiplication des affrontements entre ces derniers et les groupes d’autodéfense sont autant de signes de la fragilité du processus politique et diplomatique engagé à Alger.
Parmi les nombreuses questions qui se posent au sujet des pourparlers, c’est le temps que prendront les discussions pour aboutir. Selon Baba Dakono, juriste-chercheur, les différentes parties ont poussé à l’extrême leurs positions et pourtant chacune sera contrainte à faire des concessions pour parvenir à un accord.
Baba Dakono, joint par Sékou Gadjigo.
« Ce qu’il faut savoir aujourd’hui, c’est que le processus a pris plus de temps qu’il n’était prévu, et les différents acteurs sont au bord de l’exaspération. Donc, on va dire que la pression sera faite sur tous les acteurs notamment le gouvernement du Mali et les groupes armés. Le maximum sera fait pour qu’il puisse y avoir aujourd’hui un accord. Cela peut prendre le temps que ça va prendre, mais tout le monde a intérêt à ce qu’il y ait un accord. Les groupes armés ont fait des propositions, pour le gouvernement la position est restée celle qu’il a défendue depuis depuis le début : à savoir tout est négociable sauf une quelconque séparation du territoire. Un accord suppose que les deux parties vont renoncer à certaines choses, donc des concessions seront faites. Et c’est ce qui va permettre d’aboutir à un accord ».