L’armée française est engagée sur le long terme au Sahel malgré ses contraintes budgétaires. Ce constat vient d’être révélé par l’Institut international d’études stratégiques (IISS) dans son rapport annuel relatif à l’équilibre des forces dans le monde .
Ce rapport indique que « tous les espoirs de désengagement rapide de la région, tels qu’évoqués par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius en février 2013 ont été déçus et la France apparaît engagée dans le long terme ».
Toujours selon l’IISS l’armée française, n’a obtenu que des résultats « partiels et temporaires » au Mali, juge l’Institut. « Même si les communiqués militaires officiels diffusés durant l’été 2014 annonçaient que la plupart des bastions rebelles avaient été localisés et que les troupes françaises encore présentes sur le terrain avaient neutralisé des centaines de combattants, les avions français ont continué à faire des dizaines de sorties par semaine », constate l’institut. Le ministère français de la Défense a d’ailleurs « reconnu que la menace du terrorisme n’avait pas été éradiquée au Mali » malgré la saisie de 200 tonnes d’armes et 7.500 sorties aériennes, note le rapport.
Depuis la fin de l’opération « Serval » à l’été 2014, l’armée française a mis en place un dispositif de 3.000 hommes baptisé « Barkhane » sur cinq pays du Sahel – Tchad, Niger, Mali, Mauritanie et Burkina Faso – visant à intercepter les flux transfrontaliers de combattants armés et d’armements, se rendant notamment de Libye dans le nord du Mali.
Selon l’universitaire Etienne Fakaba Sissoko, cette situation était prévisible, car la lutte contre le terrorisme ne peut être gagnée à court terme. Pour le chercheur du Centre d’Analyse Politique et Économique CAPE-Mali, la mission des forces françaises va véritablement commencer après la signature de l’accord de paix entre le gouvernement du Mali et les groupes armés.
Etienne Fakaba Sissoko a été joint par Sékou Gadjigo
« La nature même de la lutte contre le terrorisme fait qu’ on ne peut pas la gagner à court terme. Il fallait s’attendre à une guerre à long terme pour pouvoir procéder au retrait des troupes françaises. Deuxième raison, la mission de lutte contre le terrorisme n’avait pas véritablement commencé compte tenu de la multitude des groupes armés qui sont aujourd’hui sur le terrain. Donc on a engagé le processus de paix avec les groupes armés, il faut attendre la fin de ce processus pour qu’ils soient désarmés et que les groupes récalcitrants puissent être considérés comme des groupes terroristes et que le combat puisse véritablement commencé. Troisième raison, cela est dû à la situation dégradante sur le terrain par ce que l’objectif des troupes françaises est d’abord de lutter contre le terrorisme et amener la sécurité dans le nord de notre pays en collaboration avec la MINUSMA et les forces armées maliennes. Tant que cet objectif de sécurisation n’est pas encore atteint, on ne peut pas parler encore de retrait des troupes françaises ».