Le vérificateur général a présenté cette semaine son rapport 2013-2014 au président de la République. Ses investigations ont mis au jour un détournement de plus de 150 milliards de FCFA durant cette période. Selon le Vegal, Amadou Ousmane Touré, les contrôles de ces deux années ont porté sur de multiples domaines.
Cette diversification des investigations a permis de découvrir de nouvelles formes de fraude. Pour certains analystes, les rapports doivent être accompagnés de poursuites judiciaires pour recouvrer le manque à gagner.
Le rapport, montre notamment que dans certaines circonstances les textes de loi ne sont pas appliqués. A cela s’ajoute la mauvaise gestion des dépenses effectuées au niveau des régies des services de l’état et la multiplication injustifiée de contrats arrangés pour éviter les appels d’offres. A ces insuffisances s’ajoutent l’absence de justification, de dépenses illégitimes, la fabrication et l’usage de faux documents pour couvrir des opérations fictives. Le rapport dénonce également les défauts de versement au Trésor Public de ressources collectées.
L’enquête du Vegal révèle un détournement de plus de 150 milliards de francs CFA. Au titre du rapport annuel 2013, plus de 80 milliards de FCFA dont 12 milliards de fraude et 68 milliards de mauvaise gestion.
En 2014, la fraude s’est poursuivie avec 73 milliards de FCFA constitué de 34 milliards de détournement et près de 40 milliards de FCFA de mauvaise gestion.
Le rapport de Amadou Ousmane Touré note toutefois que des améliorations ont été constatées au niveau de certains services préalablement contrôlés.
Le Bureau du Vérificateur Général compte poursuivre ses vérifications dans le strict respect de ses valeurs cardinales: professionnalisme, respect, intégrité et objectivité.
Pour certains observateurs, ce rapport du Vegal est « une enquête de plus ». Selon eux, « la publication des rapports de contrôle doit être suivie d’actions en justice afin de recouvrer les manques à gagner »
Dr Etienne Fakaba Sissoko est économiste au Centre de recherche et d’analyse politique et économique. Il est joint au téléphone pour Mouhamadou Touré.
« C’est encore un rapport de plus malheureusement. Parce qu’on s’entendait plus à voir cette fois-ci une nouveauté. Mais chaque fois, c’est des manques à gagner qu’on signale. Ce sont de nouvelles recommandations qu’on fait qui sont à l’image des autres recommandations.
Hors aujourd’hui ce qui est important, c’était d’abord de faire un état de lieux, voir effectivement que tous les rapports qui ont été produits par le bureau du vérificateur, que l’Etat est arrivé à rentrer en possession de ces manques à gagner et que les poursuites judiciaires qui devraient s’accompagner de la publication de ces rapports ont été effectuées.
Avec les partenaires, c’est un manque de crédibilité. Donc, la première conséquence à mon avis, c’est d’abord ce manque à gagner qui va avoir des conséquences en terme d’investissements productifs pour le Mali et des conséquences aussi vis-à-vis de nos partenaires. Parce qu’ils n’ont pas la certitude que l’argent qu’on donne au Mali sera bien géré.
Il faut que le gouvernement et le chef de l’Etat affichent une réelle volonté politique à faire de la lutte contre la corruption un véritable cheval de bataille ».