Neuf militaires maliens ont été tués et quatorze autres blessés hier dans la matinée au cours d’une embuscade tendue par la CMA entre Tombouctou et Goundam. Ces événements rendent de plus en plus improbable la signature prévue de l’accord de paix dans quatre jours en présence de la rébellion. Mais le représentant de l’Union africaine reste optimiste quant à la cérémonie du 15 mai prochain.
Les rebelles, à bord de quatre véhicules, attendaient les militaires maliens qui devaient assurer une mission de ravitaillement en provenance de Goundam, près de la localité de Tin Telout. Selon des membres de la Minusma, il s’agissait d’une « embuscade minutieusement préparée ». Tôt dans la journée, un responsable de la CMA a confirmé cette attaque, sans pouvoir fournir de bilan.
« Deux véhicules de l’armée malienne ont été brûlés », alors que les « rebelles ont perdu un véhicule », a précisé une source sous le couvert de l’anonymat, soulignant que les assaillants étaient repartis avec leurs éventuels blessés ou pertes.
Le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a condamné cette nouvelle « violation du cessez-le-feu », exhortant tous les protagonistes à « démontrer leurs engagements sur le terrain dans le processus qui doit conduire à la signature d’un accord de paix le 15 mai ».
Le ministre de la défense a « encouragé les Forces Armées dans leur mission de défense du territoire national et de protection des personnes et de leurs biens ». Il a également appelé « l’ensemble des populations à soutenir plus que jamais l’Armée nationale en campagne de défense de la Patrie ».
Selon des observateurs, ce regain de tension ne devrait pas remettre en cause la signature du 15 mai qui est désormais acquise et à laquelle ne devrait pas participer la CMA . En revanche, l’un des spécialistes du Sahel, André Bourgeot, chercheur au CNRS en France estime que la communauté internationale doit prendre ses responsabilités et sanctionner les responsables de la coordination .
André Bourgeot était l’invité hier de l’émission Grand Dialogue : « Je crois que c’est une situation assez classique. Lorsqu’il s’agit de procéder à une signature il y a eu très souvent (on l’a vu par le passé) un regain d’activités de type guerrières, qui, normalement ne devrait pas remettre en cause la signature du 15 mai prochain, mais qui crée une situation qui ne peut que générer le doute. Cette communauté internationale a, de mon point de vue, une position très ambiguë, voire un peu douteuse. On a l’impression qu’il y a une sorte de collusion entre cette communauté internationale (à savoir la Minusma, l’opération Barkhane) qui fait en sorte que plus particulièrement les dirigeants du MNLA font ce qu’ils veulent, continuer à exercer leur influence au sein des lobbies français et plus généralement des lobbies européens. Donc c’est une part de responsabilité de cette communauté internationale. Je regrette qu’il y ait tant de tergiversations qui me paraissent politiquement et militairement significatives ».
Malgré le contexte tendu, le représentant spécial de l’Union africaine, a réaffirmé hier que la date de signature de l’accord de paix le 15 mai ne va pas changer. Selon lui, des mécanismes sont en cours pour que toutes les parties participent à la cérémonie de signature.
Pierre Buyoya, représentant spécial de l’Union Africaine : « La décision de maintenir le cap est ferme. Le cap est le 15 mai et que beaucoup d’efforts sont en train d’être faits pour avoir tout le monde au moment de la signature. Il y a encore des parties qui sont réticentes. Aujourd’hui ils disent qu’ils vont signer, le lendemain ils disent le contraire. De toute façon même si l’un ou l’autre ne vient pas, la décision est d’aller de l’avant et de laisser l’accord ouvert à la signature ultérieurement. Je ne suis pas du tout pessimiste, je suis optimiste et je partage cet optimisme avec beaucoup ».