La Banque africaine de développement vient de publier un rapport sur les inégalités du genre en Afrique. Le Mali occupe la 50e place sur les 52 pays concernés par ce classement. Cette étude dénommée « indice de l’égalité entre les genres en Afrique » permet de mesurer les disparités entre les genres, mais aussi de promouvoir le développement.
Trois critères étaient retenus pour cette étude: les opportunités économiques, le développement social, le droit et les institutions. L’Afrique du Sud, le Rwanda, ou encore la Namibie occupent la tête du classement, alors que la Somalie, le Mali, la Guinée, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et même la Côte d’Ivoire sont à la traîne.
Selon le rapport, les femmes qui représentent 75% de la main d’œuvre agricole pourraient apporter beaucoup plus en termes de croissance et de développement. Mais toute une série d’obstacles les freinent. Parmi ceux-ci la ségrégation du marché du travail, le difficile accès aux crédits dans les banques, entre autres.
L’étude révèle aussi qu’en Afrique, les femmes ont moins accès à la terre à cause des régimes fonciers défavorables. Exemple : au Mali seulement 5% des femmes sont des propriétaires terriens ».
Dans certaines contrées rurales leur charge alourdie par des travaux comme le ramassage du bois, le puisage de l’eau 15 à 17 heures par jour les empêchent d’être autonomes.
Toujours selon le rapport, « la gente féminine est victime des législations discriminantes dans beaucoup de pays africains ».
L’enquête propose enfin un plan d’action visant à promouvoir l’égalité du genre car pour la BAD, la parité entre les genres n’est pas seulement « juste » mais elle est également « la clé de la croissance inclusive ».
Le classement du Mali dans l’indice de l’égalité du genre ne surprend pas certaines organisations féminines. Pour la Coordination des associations et ONG féminines (CAFO), le Mali doit revoir son mécanisme institutionnel en charge de la mise en place du genre.
Oumou Touré, présidente de la CAFO est joint au téléphone par Barké Cissé
« Ce n’est pas étonnant. Depuis 2008 on a élaboré une politique nationale genre. Le document existe et on l’a adopté. Je pense que l’évaluation d’une politique se fait à partir de sa réalisation. Donc moi, je pense que si on dit que le Mali occupe la 50e place sur 52 pays, ça n’étonne personne, parce qu’il y a une politique genre qui existe mais qui n’est pas mise en application. C’est-à-dire il y a la compréhension de ce que c’est qu’une politique nationale genre qui est une politique de correction d’un déséquilibre qui est là. Si dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, on a dit que la pauvreté se féminise, que les plus pauvres au Mali sont les femmes. Si dans nos statistiques, on constate qu’il y a des inégalités, des déséquilibres entre les hommes et les femmes au Mali, je pense que c’est une politique qui le corrige et on a élaboré cette politique qui n’est pas mise en œuvre. Je pense que notre mécanisme institutionnel en charge de la mise en place du genre est caduc. Et c’est ce qu’il faut revoir ».