L’attaque survenue ce week-end à Fakola a provoqué la colère des populations de Kolondiéba, chef de lieu de cercle de la localité. Une marche organisée hier à Kolondiéba à l’appel du Conseil local de la société civile, a réuni de nombreux habitants. Les manifestants dénoncent « le laxisme de l’Etat » face à la menace d’insécurité et demandent « plus de sécurité pour les populations ».
Nouvelle attaque jihadiste hier à Fakola près de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Après celle de Misséni, des hommes enturbannés ont saccagé la ville se revendiquant là aussi du mouvement jihadiste An-çardine.
L’armée malienne qui s’est positionnée dimanche à Fakola, près de la Côte d’Ivoire, continue de contrôler la localité. Des jihadistes présumés ont fait une brève incursion hier provoquant beaucoup de dégâts. « Des bâtiments officiels comme la gendarmerie, la mairie, les caisses d’épargne et de crédit, le bâtiment des eaux et forêts ont été saccagés, détruits ou brûlés », a rapporté un fonctionnaire de Fakola.
Toujours selon des témoignages sur place « l’armée malienne a pris le contrôle de la ville. Les jihadistes sont partis. Il n’y a pas eu de combats. Un drapeau noir portant l’inscription « Ansardine-Sud » a été retrouvé à la mairie de la ville. Selon un élu local de Fakola, les jihadistes auteurs de l’attaque sont des représentants du groupe jihadiste Ansardine.
C’est la deuxième fois en moins d’une vingtaine de jours que cette partie Sud du Mali est touchée par des attaques jihadistes. La ville de Misséni, près des frontières ivoirienne et burkinabè, avait été attaquée le 10 juin par des islamistes qui avaient tué un militaire et en avaient blessé deux autres, selon le ministère malien de la Défense.
Après les attaques de Nara et de Fakola, le gouvernement malien a tenu hier un Conseil de défense au Palais de Koulouba. Il s’est déroulée en présence du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta. Au cours de ce conseil, l a été décidé de « renforcer de la sécurité au niveau des frontières et de mettre l’accent sur la coopération avec les forces de défense des pays voisins ».
Selon des sources locales, le calme est revenu à Fakola après l’incursion. Les autorités sur place expliquent que le dispositif sécuritaire rassure la population. Cependant les habitants demandent à l’Etat de renforcer la sécurité le long de la frontière :
Siaka Konaté, maire de la commune de Fakola est joint au téléphone par Sékou Gadjigo.
« Aujourd’hui c’est calme. Depuis hier 13 heures les jihadistes ne sont plus présents. Après avoir saccagé les bâtiments publics, ils se sont retirés dans la forêt de Saman. Et aujourd’hui il n’y a pas de problème à Fakola. La population vaque à ses occupations. La ville est contrôlée par les militaires maliens. Nous pouvons dire que nous sommes en sécurité. Ce que nous demandons à l’Etat c’est de renforcer la sécurité frontalière, parce que nous partageons la frontière avec la Côte d’Ivoire, et ce lieu est une forêt qui est très dense où les jihadistes se réfugient facilement. Nous voudrions quand même que les dispositifs soient toujours renforcés et que la population soit en sécurité ».
Après l’attaque de Fakola, une marche a été organisée hier dans le cercle de Kolondiéba à l’appel du Conseil local de la société civile. Les manifestants dénoncent « le laxisme de l’Etat » face à la menace d’insécurité et demandent « plus de sécurité pour les populations ».
Daouda Coulibaly est président du Conseil local de la société civile de Kolondiéba. Il a été joint par Sékou Gadjigo :
« Nous pensons qu’il y a eu un certain laxisme dans la gestion de cette affaire. Déjà le lendemain de l’attaque de Misséni, ces gens là ont été signalés dans la forêt de Saman, tout juste à la frontière ivoirienne. Depuis le 12 juin, il y a un détachement de l’armée qui est là à Kolondiéba dirigé par le général Dakouo, qui est là jusqu’à ce qu’on a attaqué la première grosse agglomération du cercle. Ils ont saccagé tout ce qu’il y a comme symbole de l’Etat. Donc suite à cette situation, on s’est réuni pour organiser cette marche et dénoncer le laxisme, la mauvaise gestion, la lenteur de l’armée par rapport à cette affaire et en même temps réclamer plus de sécurité pour les citoyens. Il y a vraiment de la panique. Les gens ne sont pas habitués à ça. C’est la période des travaux champêtres. On ne peut pas cohabiter avec des jihadistes, des terroristes. On ne sait pas pourquoi ils sont là. Avec les coups de fusil, avec les coups de canon, même s’ils ne touchent pas à une seule personne, tout le monde est déstabilisé psychologiquement ».