La désignation des futurs Président, Vice-président et Premier ministre de la transition suscite des réactions au sein de l’opinion nationale et internationale. Au niveau national, les Maliens restent divisés sur le profil. Certains veulent un civil, d’autres préfèrent un militaire. La CEDEAO et l’Union africaine exigent, quant à elles, le choix d’un civil pour diriger la transition sous peine d’un embargo total. Au même moment, l’Association Malienne de Défense des Droits de l’Homme (AMDH) demande la libération de « 15 personnalités détenues à Kati ».
Après le mini-sommet de la CEDEAO, le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine s’est réuni jeudi 17 septembre 2020 par visio-conférence. Les deux organisations réclament la mise en place d’une transition dirigée par un civil. Selon le président du conseil de paix et de sécurité de l’UA, « une transition menée par un civil permettra un retour rapide à l’ordre constitutionnel ». L’Union Africaine et la CEDEAO acceptent toutefois la durée d’une transition de 18 mois « décidée » lors des concertations nationales sur la gestion de la transition tenue à Bamako.
Dans la capitale malienne, certains habitants se disent inquiets face aux menaces des organisations internationales. Cependant, des experts estiment que la junte n’a pas un autre choix. Elle va « se ranger derrière les exigences de ces organisations pour éviter les conséquences d’embargo total sur la population », estiment-ils. C’est dans ce contexte qu’une rencontre d’échanges et de réflexion est prévue ce vendredi soir entre les responsables du CNSP et ceux du mouvement du 5 juin (M5-RFP). En attendant l’issue de cette deuxième consultation, les organisations de défense des droits de l’homme et l’Union africaine continuent de réclamer la libération des autres personnalités détenues à Kati par la junte.
Au total, une quinzaine de hauts responsables militaires et civils dont l’ancien Premier ministre Boubou Cissé sont toujours détenus depuis le renversement du pouvoir, il y a un mois, regrette l’association malienne des droits de l’homme (AMDH). Selon des sources militaires, en plus de l’ex-Premier ministre, une dizaine de généraux, dont les ex-ministres de l’Intérieur et de la Défense et l’ex-Président de l’assemblée nationale sont aux arrêts. L’AMDH estime que leur détention « constitue une violation des droits de l’homme à partir du moment où elles n’ont pas été mises à la disposition de la justice ».
Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’homme :