Le président du Mali a confirmé il y a quelques semaines son intention de négocier avec les chefs jihadistes Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa. Une décision diversement appréciée par des experts sur les questions sécuritaires au Sahel. Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, adhère à l’initiative. Mais d’autres craignent un risque de renforcement de l’Etat islamique au Sahel.
Pour Nicolas Normand, spécialiste du Sahel et ancien ambassadeur de la France au Mali, « négocier avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghali peut apaiser les tensions dans le centre et dans le nord du Mali ». Le diplomate français propose même l’ouverture du dialogue à d’autres jihadistes. « S’il y avait des canaux de discussion plus ouverts avec d’autres composantes des groupes jihadistes que seulement les chefs ça pourrait être fructueux », ajoute Nicolas Normand. Selon lui, il y a déjà eu des expériences dans ce domaine au Niger et en Mauritanie.
De son côté, Bakary Samb, spécialiste des questions sécuritaires dans le Sahel et directeur exécutif de Timbuktu institute, pense le contraire. Pour lui, « Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa ne sont plus les maîtres du jeu et des négociations pourraient renforcer l’Etat islamique au grand Sahara ».
« Amadou Kouffa n’a pas la même stature politique et la même légitimité qu’un Iyad, son groupe est en train de se fissurer », rapporte Bakary Samb pour renforcer son argument. « L’autre aspect, c’est qu’on a pris le risque de positionner Iyad comme l’interlocuteur incontournable en lui rajoutant une certaine légitimité. Mais on n’est pas sûr qu’il souscrira à la paix et que de l’autre côté nous sommes en train de livrer des éléments entiers qui étaient dans les groupes locaux à l’Etat Islamique au grand Sahara », a-t-il ajouté.
Rappelons que des partenaires du Mali dans le combat contre le terrorisme ne sont pas favorables au dialogue avec les jihadistes.
C’est dans ce contexte que le Chef d’Amnesty international Afrique de l’Ouest, estime que « la situation des droits de l’Homme devient désastreuse de jours en jours dans le Sahel ». Pour Aliou Tine, « le deuxième massacre d’Ogossagou pouvait être évité, si les dispositions sécuritaires avaient été mises en place afin de sécuriser la population ».
Aliou Tine, Chef d’Amnesty international Afrique de l’Ouest :