Après l’attaque qui a coûté la vie à plus de 80 militaires Nigériens dans la localité de Chinagodrar à la frontière malienne, de nombreux habitants affluent vers Andéraboukane, dans la région de Ménaka. Selon les déplacés, ils ont quitté le village sous la menace des présumés jihadistes. La situation reste très précaire dans la région avec l’absence des forces militaires dans les deux localités, déclarent-ils.
C’est une véritable course contre la montre qui est lancée à Chinagodrar, localité nigérienne, située à une vingtaine de kilomètres du Mali. Dans ce village, 89 soldats nigériens ont été massacrés la semaine dernière. Depuis hier mardi 14 janvier, la localité se vide de sa population. Selon un habitant de la localité qui s’est refugié à Anderaboukane au Mali, les hommes armés ayant mené l’attaque sont revenus pour intimer aux habitants, l’ordre de quitter le village. Parmi ces habitants, beaucoup ont rejoint le Mali et sont actuellement dans la ville d’Anderaboukane.
« Hier aux environs de 13 heures, ils nous ont lancé un ultimatum pour quitter le village. Cet ultimatum expire aujourd’hui à midi », a-t-il déclaré. Selon la même source, les habitants ont commencé à quitter le village depuis hier soir. « Tout le monde est parti, personne n’a passé la nuit dans le village. Les familles démunies sont toujours en train de fuir présentement. Elles sont les plus nombreuses », a ajouté notre interlocuteur qui a préféré gardé l’anonymat.
En 2012, beaucoup de Maliens se sont réfugiés dans ce village et y sont restés. La situation actuelle les oblige à revenir. Parmi eux, cet homme qui qualifie la situation de «très grave». « Ils ont dit que tous ceux qui ne quittent pas le village, seront responsables de ce qui leur arrivera. C’était la débandade, hommes, femmes et enfants, chacun se cherchait. Il y a des gens qui ont laissé tout derrière eux. Les familles qui sont parties sont nombreuses, mais je ne connais pas exactement leur nombre ».
Pour le moment, le nombre de ménages Nigériens et Maliens qui continuent de fuir la localité n’est pas connu. Aujourd’hui, les déplacés se demandent s’ils seront en sécurité aussi longtemps à Andéraboukane. Car de même que les forces nigériennes ont plié bagage à Chinagodrar, les forces maliennes aussi ont abandonné Andéraboukane depuis quelques semaines. Et l’axe Andéraboukane-Chinagodrar-Banibangou risque d’être impraticable les prochains jours.
Pendant ce temps, les États-Unis, annoncent leur volonté de réduire leurs effectifs militaires dans le Sahel. Une situation qui préoccupe la France, pour qui les États -Unis restent un allié important. Selon certains observateurs, cet éventuel retrait des forces armées pourrait avoir un impact négatif sur la lutte contre l’insécurité dans la région du Sahel notamment en terme d’accès aux renseignements.
Aly Tounkara, directeur du centre d’Études sécuritaires et stratégiques au Sahel.