La COMPIS 15 estime que « le processus de mise en œuvre de l’accord est en panne ». Ses responsables demandent au gouvernement de « suspendre la mise en œuvre de l’accord », « parce qu’elle n’est pas inclusive », jugent-ils. Selon eux, le porte parole de la Plateforme Me Harouna Toureh a exclu du processus certains mouvements qui représentent des communautés du Mali.
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, est le coordinateur de la COMPIS 15. Il est au micro de Ayouba Sow :
« La Plateforme censée défendre l’unité nationale et s’opposer à tout projet de partition de notre pays le Mali est aujourd’hui devenue un mouvement séparatiste par le fait d’un seul et unique homme, Me Harouna Toureh. Il est prêt à pactiser même avec le diable au moment où même le MNLA a renoncé à son projet de division du Mali, pour faire mal à notre pays depuis qu’il n’a pas été ministre dans le gouvernement actuel. Au nom de la CMFPR, nous informons solennellement les médias et l’opinion nationale et internationale que Harouna Toureh n’est plus crédible à agir au nom de la CMFPR et de la Plateforme républicaine. Et par conséquent, il a été déposé par ses collègues de la CMFPR. Nous ne cantonnerons pas, nous ne désarmerons pas, nous n’encourageons pas des patrouilles mixtes dans un processus non inclusif. Par contre nous patrouillons déjà. Nous suspendons le projet de retour de nos réfugiés dans un processus non inclusif. Nous ouvrons nos portes à tous les combattants qui refusent de cantonner pour les mêmes raisons et dans l’intérêt de la sauvegarde de l’unité de notre pays ».
Pour les responsables de la Plateforme, « le processus de paix est en cours». Ils réaffirment que Me Harouna Toureh est le porte-parole de la Plateforme. Selon eux, la COMPIS 15 a été créée après la signature de l’accord et par conséquent elle n’est pas une actrice dans le processus de paix.
Mohamed Ould Mataly est député élu à Bourem, membre de la Plateforme. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Le processus de l’accord n’est pas en panne. Il est en cours d’exécution ».
Les responsables de la COMPIS 15 s’opposent au cantonnement et au retour de leurs réfugiés tant que le processus n’est pas inclusif, disent-ils. Ils déclarent aussi qu’ils sont exclus du processus ?
« Ceux que je connais dans l’accord, c’est l’état, c’est la Plateforme et la CMA. Ce sont les trois parties que je connais et la médiation. La COMPIS 15 est une formation qui a été créée bien après. Si eux, ils ont des combattants qu’ils ne veulent pas cantonner, ça ne concerne qu’eux. Ça n’a rien à voir avec la Plateforme ni la CMA. Moi je pense que si le processus de paix est appliqué, on connaît les signataires. Si Me Harouna a signé à leur nom, ceux qui sont dans la Plateforme doivent être à la Plateforme. Si maintenant ils sont dans une autre organisation, Me Harouna n’a rien à voir avec eux. Donc Me Harouna est le porte-parole de la Plateforme, et aujourd’hui ils sont en bonne connivence avec la CMA. La Plateforme existe bel et bien, et Me Harouna est son parte-parole jusqu’à aujourd’hui, et elle le reconnaît ».
Le retard constaté dans la mise en place du comité de suivi de l’Accord d’Alger est diversement interprété par les acteurs. Pour Ousmane Kornio, spécialiste des questions sécuritaires, ce retard est dû au calcul d’intérêt. Il est joint au téléphone par Idrissa Sako :
« Concernant le blocage, vous savez, c’est parce qu’il y a certains qui sont peut-être de bonne foi, mais il y a d’autres aussi qui ne sont pas de bonne foi dans la mise en œuvre. Mais il y a aussi des problèmes d’intérêts. Il faut savoir que tout le monde ne peut pas être membre du comité du suivi. Et si chacun veut être membre peut-être pour des avantages qu’on peut y tirer, ce serait compliqué. Mais je vous assure que tout le retard de la mise en œuvre de l’accord tient à la difficulté de la mise en place du comité de suivi. Mais, à la longue, les gens se mettront d’accord pour qu’ils puissent se faire représenter par des délégués ».