La situation dans le nord reste toujours incertaine. Le retrait de la Plateforme d’Anéfis ne semble pas résoudre les tensions. Hier la Minusma se disait préoccupée par de nouveaux mouvements de la Plateforme, en direction d’Aguelhok, ainsi que ceux de la CMA au nord-ouest de Goundam.
Dans un communiqué, la MINUSMA se félicite du retrait des éléments de la Plateforme d’Anefis et de ses environs. La Mission onusienne conservera dit-elle ses positions autour d’Anefis afin de surveiller la situation sur place et d’assurer la protection des populations. Toutefois, elle se déclare profondément préoccupée par de nouveaux mouvements de la Plateforme, en direction d’Aguelhok, ainsi que ceux de la Coordination au nord-ouest de Goundam.
La Plateforme, déclare de son côté qu' » aucune localité du Mali n’a été délimitée pour tel ou tel groupe « . Fahad Ag Almahmoud l’un de ses responsables précise qu’il n’y a pas » d’hommes au sol « . Selon lui » ils sont tous dans des pick-ups et se déplacent du matin au soir, à part ceux qui sont déployés sur la base des groupes d’autodéfense à Tabankort « .
De son côté, la CMA se dit surprise de cette déclaration de la Minusma. Elle affirme occuper « sa position à l’est de Goundam, bien avant la signature de l’accord le 20 juin dernier ». Pour autant, la Coordination déclare n’avoir « aucun soucis à faire des concessions si la Plateforme respecte ses engagements ».
En attendant, la MINUSMA continue à condamner les violations de l’accord de cessez-le feu et demande à tous les signataires de se retirer immédiatement vers les positions qu’ils occupaient le 20 juin 2015.
Pour les observateurs, la situation actuelle dans le nord n’est pas sans rapport avec le prochain cantonnement. Ces mêmes observateurs estiment que la médiation met tout en œuvre pour éviter un nouvel embrasement. Serge Daniel est journaliste écrivain. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« Nous assistons à une lutte de positionnement par rapport au cantonnement qui s’annonce. Ça c’est le véritable problème ».
Donc il n’y a pas de risque d’affrontement ?
« Il peut y avoir des affrontements, mais j’explique que la volonté de chaque groupe aujourd’hui n’est pas de se battre mais d’occuper l’espace pour pouvoir compter lors du processus DDR ».
Que peut-on prévoir comme suite de cette situation, du moment où la CMA refuse de négocier tant que, dit- elle, la Plateforme ne respecte pas ses engagements ?
« Je pense qu’elle va finir par négocier. Quand vous discutez avec ses responsables, vous avez désormais je le sens une volonté d’aller vers la paix ».
Quel doit être le rôle de la médiation dans cette situation ?
« Je crois que la médiation ne dit pas tout ce qu’elle fait. Il y a d’après ce que je sais des discussions, des pourparlers avec les différents groupes de manière informelle. Par exemple, ce mercredi à Gao la mission de l’ONU, des émissaires discrets devraient rencontrer des combattants des deux groupes et que la médiation est en train de tout faire pour que ça ne s’embrase pas à nouveau ».