Échanges de tirs hier entre la CMA et la Plate-forme à Touzek, localité située à une trentaine de kilomètres de Kidal. Aucune victime n’a été signalée. Et la situation semble calme dans la zone.
Les tirs ont commencé hier dans l’après-midi entre des combattants de la CMA et ceux du Gatia, membre de la Plate-forme. Les combats n’ont pas fait de victime.
Pour le moment les deux côtés se renvoient la balle. Chacun des deux mouvements dit n’avoir pas ouvert le feu en première position. De sources locales, les coups de feu ont duré jusqu’à la tombée de la nuit. Après, la situation s’est calmée dans la localité.
Toujours selon les mêmes sources, une tension existait entre les deux camps depuis le lendemain de la fête du ramadan. Mais c’est hier qu’elle a dégénéré.
Cet affrontement pourrait être la première violation du cessez-le-feu depuis la signature de l’accord de paix le 15 mai et le 20 juin dernier à Bamako.
Ce combat intervient au moment où une rencontre se prépare entre la CMA et la Plate-forme à Niamey. Cette rencontre prévue du 19 au 21 août prochain vise à réconcilier les tribus du nord du Mali pour une meilleure application de l’accord de paix. Une initiative du Premier ministre nigérien, Brigi Rafini.
Les parties se renvoient la responsabilité sur cet échange de tirs. Selon le secrétaire général du Gatia, « ils ont été surpris hier d’être attaqués par des éléments, que la CMA juge d’être, contre la paix ».
Fahad Ag Almahmoud est joint au téléphone par Mouhamadou Touré.
« À partir de la signature de l’accord le 20 juin dernier, le Mali redevient un seul territoire. À la fin du ramadan passé, nous avons des troupes dans la région de Kidal. Dans un premier temps, ça a inquiété la CMA. Ils ont fini par prendre contact avec nos responsables dans la zone. Il y a eu des arrangements. Hier nous avons été surpris d’être attaqués dans la zone où nous étions par des éléments; d’après la CMA des éléments qui sont contre la paix. Ça c’est d’après le chef militaire de la CMA : « que c’est des éléments qui voulaient saboter ces arrangements qui nous ont attaqués. Qu’ils sont désolés ». Ce qui n’a pas été dit dans le communiqué qu’ils ont savamment rédigé dans la langue de Molière. Ce que nous refusons, c’est de continuer à être interdit d’accès à nos parents, à nos campements. Ça, nous le refusons. La communauté internationale ne peut pas nous dire que nous ne pouvons pas aller dans vos familles. Il y a eu bien sûr une violation de l’accord de paix lorsqu’il y a des échanges de tirs inutiles et ce sont eux qui ont violé cet arrangement ».
La CMA de son côté dit avoir envoyé une équipe d’officiers pour dialoguer avec les membres du Gatia à Kidal. A leur grande surprise, selon la Coordination, « les éléments de la Plate-forme ont ouvert le feu sur eux ».
Selon Almou Ag Mohamed, porte parole du HCUA, membre de la CMA : « Les maliens peuvent se déplacer n’importe où tant qu’ils ne sont pas constitués en armée. Quand on vient faire la fête auprès de sa famille, on ne vient pas avec une quarantaine de pick-up lourdement armés. Et la fête est passée depuis longtemps. Hier c’est dans le même sens que nous avons privilégié le dialogue. Une équipe d’officiers de notre côté est partie rencontrer les émissaires de la plate-forme au lieu de rendez-vous consensuellement défini. À leur grande surprise, quand ils sont arrivés, directement les autres ont ouvert le feu sur eux, nos amis de la plate forme, nos frères de la plate forme. Ils étaient obligés de se défendre, ce qui a fait que les coups de feu ont duré jusqu’à la tombée de la nuit. Après les affrontements se sont arrêtés. Et on ne déplore aucune victime, mais ça risque à tout moment de dégénérer encore. Pour l’instant on est toujours en état de belligérance avec les autres parties tant que les clauses de l’accord ne sont pas appliquées ».
Pour certains analystes, cet affrontement entre la CMA et le Gatia est une « violation du cessez-le-feu ». Ils estiment que c’est un coup dur à toutes les initiatives de paix. Toutefois ces observateurs n’excluent pas l’implication des terroristes, qui n’ont pas pris part à la signature de l’accord, dans cet affrontement.
Ousmane Kornéo, analyste politique est joint au téléphone par Ayouba Sow.
« Si c’est entre le Gatia et la CMA, c’est un coup dur au processus de paix, ça m’étonnerait fort d’ailleurs. Mais si c’est entre la CMA et des groupes terroristes, ce n’est qu’une logique. C’est la prolongation des attaques qui sont perpétrées au sud à la partie gouvernementale par les groupes terroristes. Mais si c’est vraiment entre le Gatia et la CMA, là c’est un coup dur à l’accord d’autant plus que le Niger s’apprête à organiser une rencontre de réconciliation entre les responsables de la plate-forme et les responsables de la CMA dans le cadre la mise en œuvre de l’accord. Si cela arrivait entre le Gatia et la CMA, c’est un coup dur à toutes les initiatives. La seule chose qui pourrait se passer et qui n’est pas un coup dur sur le processus de négociation pour l’accord et celle de la mise en œuvre de l’accord, c’est si c’est entre la CMA et les groupes terroristes ».