L’Assemblée nationale du Mali a donné son aval pour la ratification du traité de coopération militaire signé entre le Mali et la France. Les députés ont adopté ce jeudi à l’unanimité le projet de texte signé il y a près d’une année.
C’est le ministre de la défense qui a défendu le texte face aux députés. Selon lui, cette signature permettra aux deux pays d’échanger des informations relatives aux menaces à la sécurité nationale et régionale. Le texte met également l’accent sur la formation et l’équipement des forces armées maliennes.
Le ministre de la défense a rassuré les députés qu’il ne s’agit pas à travers cet accord de coopération de céder de base militaire malienne aux forces françaises. Le but du traité, a-t-il dit, est de faire en sorte que toutes les parties puissent travailler « d’égal à égal ». Le texte prévoit aussi la participation d’autres pays africains ou européens en cas de besoin.
Pour le président de la commission de défense de l’Assemblée nationale cet accord établit désormais un cadre juridique pour les forces françaises présentes au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Signé le 16 juillet 2014 entre le Mali et la France, le traité de coopération militaire a une durée de cinq années renouvelables. « Un comité de suivi est créé pour veiller à sa bonne mise en œuvre », a rappelé le ministre de la défense.
Après son approbation par l’assemblée nationale du Mali, le traité devrait être maintenant ratifié par le parlement français.
Le traité de coopération militaire adopté par l’Assemblée nationale a été voté par les députés de l’opposition. Selon eux, cet accord permet de renforcer l’outil de défense du Mali. Toutefois, les députés de l’opposition estiment qu’une réorganisation de l’armée s’impose pour une grande efficacité de cet accord.
Seydou Diawara est député du groupe de l’opposition Vigilance Républicaine et Démocratique. Il a été joint par Sékou Gadjigo
«Il n’y a pas de motivation particulière en cela. Comme on l’a si bien dit, c’est un traité de coopération en matière de défense, le Mali a d’autres traités similaires avec les Etats-Unis, la Chine et d’autres pays africains. Nous pensons que si les intérêts du Mali sont préservés dans un tel traité, je crois qu’il n’y a rien qui puisse nous amener à nous opposer à cela. Je crois qu’à ce niveau les domaines d’assistance sont bien définis en matière e formation, en matière d’appui, dans les questions de défense je crois que cela rentre dans l’ordre normal des choses, mais ce qui est sûr, c’est une perspective à long terme. Ça permet quand même de contribuer au renforcement de notre outil de défense. Maintenant, est-ce que ça peut avoir un impact immédiat dans la lutte contre le terrorisme ? Je crois que oui, mais à lui seul cela ne peut pas être le cas, tant que le Mali n’arrivera pas à organiser son outil de défense, il sera que quelqu’un d’autre puisse lutter efficacement contre le terrorisme .»
Pour certains observateurs, le Mali en signant cet accord sous-traite sa sécurité à des forces étrangères. Selon eux, cet accord n’est pas la solution appropriée au problème d’insécurité auquel fait face notre pays. Ils estiment plutôt que c’est l’armée malienne qui doit être mise au premier plan dans cette lutte contre le terrorisme.
Etienne fakaba Sissoko, est chercheur au centre d’études et d’analyses politiques et économiques
« Le vote à l’unanimité montre d’une part que la question de l’insécurité occupe le premier plan des préoccupations aujourd’hui dans notre pays. D’autre part que nous sommes engagés dans la lutte contre le terrorisme et que les pays partenaires du Mali, actuellement, ont besoin d’une base légale, d’une base juridique pour pouvoir intervenir. Maintenant est-ce que cette réponse est la mieux appropriée pour résoudre la question de l’insécurité dans notre pays ? Moi, je crois que non. Parce qu’au lieu de sous-traiter notre sécurité, de mon point de vue, je crois qu’il est important que l’armée malienne revienne au premier plan, parce que c’est elle qui peut nous tire de cette affaire. Il important que nous fassions appel à l’aide extérieure, mais cela doit se faire sur la base de nos efforts personnels. Et quand je parle d’efforts personnels, il s’agit de réhabiliter l’armée malienne en terme d’équipements, de formations, mais aussi en terme d’accompagnement des pays amis ».