Les consultations pour le parachèvement du processus de paix au Mali ont pris fin hier à Alger par la signature de deux documents. Le premier porte sur les conclusions de la rencontre, « prenant en compte les préoccupations exprimées par la CMA ». Le second est relatif à « l’arrangement sécuritaire pour la cessation des hostilités sur le terrain. Deux documents que la plate-forme des groupes armés a catégoriquement rejetés, estimant que ses amendements n’ont pas été pris en compte par la médiation.
Pour le secrétaire général adjoint du groupe d’auto-défense Gatia, membre de la plate-forme, la rencontre d’Alger est sortie de ses objectifs. « La plate-forme restera à Ménaka, malgré l’arrangement sécuritaire qui lui exige de quitter », insiste Habala Ag Amzata, secrétaire général adjoint du Gatia. Il est au micro de notre envoyé spécial à Alger Issa Fakaba Sissoko.
« Nous pensons que quand on a signé l’accord le 15 mai à Bamako, nous devrions être dans la mise en œuvre de l’accord. Quand on nous a demandé de travailler dans une commission défense et sécurité, nous avons désigné des experts qui ont expliqué à la commission ce qui se passe sur le terrain, les conditions dans lesquelles la plate-forme s’est retrouvée à Ménaka et les conditions dans lesquelles la sécurité est en train d’évoluer sur le terrain. Nous avons également fait des propositions à la dite commission, malheureusement ces propositions ne sont pas également dans l’arrangement sécuritaire. C’est un arrangement sécuritaire qui ne profitent qu’à la CMA. Nous avons également fait des observations sur ce document des arrangements sécuritaires à la médiation internationale qui n’a pas voulu également nous écouter, qui n’a pas voulu prendre nos réserves, nos amendements sur le document en charge. Donc nous avons dit que nous ne pouvons pas signé quelque chose à laquelle on n’a pas participé. En tout cas nous y sommes, nous sommes à Ménaka. Nous pensons que le document ne nous engage pas. Nous ne l’avons pas signé, ça veut dire qu’on est pas associé à ce document. Et dans notre déclaration à la cérémonie, nous avons clairement demandé à la médiation internationale de s’impliquer d’avantage pour régler le problème de Ménaka »
Malgré le rejet des deux documents par la plate-forme, la médiation, elle, estime que « cette semaine de discussions à Alger a été fructueuse ». Car, dit-elle, elle aura permis d’obtenir la signature de l’accord de paix par les principaux groupes armés de la coordination.
Le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtame Lamamra au micro de notre envoyé spécial.
« Le réconfort que nous avons aujourd’hui, c’est que cette semaine a été utile. Elle ouvre des perspectives pour l’entrée immédiate en terme de mise en ouvre effective de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger qui est, demeure et restera le fondement essentiel d’une œuvre de paix au Mali à laquelle nous sommes tous attachés. Le résultat des efforts que nous déployons cette semaine c’est que la coordination des mouvements de l’azawad va également procéder à la signature de cet accord. Nous saluons l’esprit de responsabilité qui a animé les frères et sœurs représentants la coordination et les dirigeants de la coordination ».
Quant au ministre malien des affaires étrangères, il dit comprendre le refus de la plate-forme de signer les deux documents. Cependant, explique Abdoulaye Diop, le gouvernement a signé ces documents « dans l’intérêt exclusif de la paix ». Et le ministre de préciser que « les documents signés à Alger ne seront ni un additif, encore moins un annexe à l’accord de paix déjà signé le 15 mai dernier à Bamako ».
Le ministre malien des affaires étrangères au micro de Issa Fakaba Sissoko.
« L’acte qui est posé aujourd’hui, sa signification particulière c’est qu’aujourd’hui nous créons les conditions pour une signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali le 20 juin prochain par la coordination. Ce qui était aussi un des objectifs pour parachever le processus de signature pour aussi créer les conditions pour une mise en œuvre intégrale en s’assurant que toutes les parties prenantes sont à bord et que nous allons pouvoir effectivement mettre en œuvre cet accord en espérant que cela permettra de ramener la paix dans les régions qui sont affectées, de pouvoir créer les conditions pour le retour des réfugiés mais aussi de créer les conditions pour toute la mise en œuvre de cet accord pour pouvoir vraiment promouvoir l’entente et la réconciliation entre tous les maliens. Les forces de défense et de sécurité qui seront aussi à Ménaka auront leur rôle à jouer conformément à tous les engagements qui sont pris ».
Après la signature de ces deux documents, la CMA confirme sa présence à Bamako le 20 juin prochain pour la signature définitive de l’accord de paix. Aussi, elle « s’engage à respecter le cessez-le-feu sur le terrain ».
Almou Ag Mohamed est chargé de la communication du Haut Conseil pour l’Unité de Azawad, HCUA, membre de la CMA. Il est au micro de notre envoyé spécial à Alger.
« La signature de ces deux documents, c’est la suite logique des conditions que la CMA a posé au moment du paraphe pour la signature finale du dit accord. La CMA a demandé la réouverture des discussions autour des quelques points ambiguës qu’elle retrouve dans l’accord et ces deux documents constituent des éclaircissements. Ces deux documents, le premier, surtout constitue la prise en charge des préoccupations de la CMA dans le cadre de la mise en œuvre. Nous serons Inch Allah le 20 juin à Bamako comme nous nous sommes engagés à le faire ici. Le plus important pour nous, ce sont les engagements pris avec le gouvernement ».
Sur le terrain, la plate-forme vous accuse régulièrement de violer le cessez-le feu. Après la signature de ce document dit arrangement sécuritaire pour la cessation des hostilités, quelles sont les garanties de sa mise en œuvre que cet arrangement ne sera pas violé?
« Les garanties de sa mise en œuvre pour nous c’est la communauté internationale, surtout les forces en présence sur le terrain ».
L’opposition estime qu’en signant ces documents le gouvernement a fragilisé le Mali. Pour elle, la plate-forme a raison de rejeter ces textes qui répondent aux exigences de la CMA. Cependant l’opposition interpelle le président de la République de sortir de son silence pour donner des explications au peuple malien sur ce sujet.