La CMA, après consultation de sa base, a finalement rejeté l’accord de paix préliminaire proposé le 1er mars à Alger, estimant que ce texte ne s’attaquait pas aux racines du conflit. Dans un communiqué signé Bilal Ag Acherif, secrétaire général du MNLA la CMA se dit cependant disposée à poursuivre les négociations avec le gouvernement de Bamako.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad , estime que l’accord d’Alger, est une bonne base pour la poursuite des discussions, mais qu’il ne répond pas aux aspirations du peuple touareg et qu’il doit être amélioré. Elle sollicite « une rencontre avec la médiation et les partenaires internationaux concernés, en vue d’échanger sur la suite du processus ». Un membre de la délégation de la Coordination a annoncé hier qu’une délégation de diplomates européens à Bamako se rendra « à Kidal ce mardi pour faire avancer les choses ». La communauté internationale , garante des accords, notamment la Minusma et l’Union Africaine ainsi que des représentants de l’Union européenne, va tenter de peser sur les résistances qui existent encore dans la région de Kidal vis à vis du texte de la médiation.
Les consultations entre les leaders de la CMA et la médiation se poursuivent ce mardi dans le camp de la Minusma. Des manifestants se sont regroupés à l’aéroport de la ville. Les marchés et les boutiques ont été fermés pour des raisons de sécurité.
Selon le Haut représentant de l’Union africaine au Sahel, qui est présent à Kidal cet accord est un bon accord. Il apporte un certain nombre de réponses aux populations du nord. Pour Pierre Buyoya, beaucoup de questions importantes sont prises en compte dans le document.
Le Haut représentant de l’UA au Sahel était l’invité de RFI ce matin.
« Je dois dire que je comprends que tout le monde ne signe pas en même temps, cela est arrivé dans d’autres négociations. La raison qui a été avancée, c’était de pouvoir expliquer à la base de ces mouvements. C’est une raison aussi qu’on peut comprendre. Cependant ce que je voudrais dire aux populations qui sont représentées par les mouvements de la coordination, c’est que cet accord est un bon accord pour eux aussi, qu’il faut le voir dans sa globalité. Il contient les questions d’identité, mais aussi les questions de représentation politique au niveau local, au niveau central, les questions de sécurité, de développement, de justice, de réconciliation. Je crois que dans l’ensemble cet accord apporte beaucoup de choses aux populations du nord ».
Le refus de la CMA de parapher l’avant projet de paix, ne peut que renforcer les positions des groupes armés narcos jihadistes, selon André Bourgeot, directeur de recherche au CNRS en France. André Bourgeot parle de la responsabilité de la communauté internationale, en l’occurrence de celle de la France dans la prise de mesures en faveur d’un règlement définitif, du conflit au Mali. André Bourgeot était l’invité du grand dialogue de Studio Tamani d’hier.
« L’opération militaire serval qui dans un premier temps a été accueillie comme étant une armée de libération. Cinq,six mois ou sept mois après, le peuple malien a vu aussi que cette intervention n’était pas une intervention qui visait uniquement à faire en sorte que les groupes armés narco-jihadistes ne descendent pas sur le sud et qui avait aussi d’autres intérêts. Et ces autres intérêts étaient de soutenir, d’avoir une sorte de complicité, de connivence avec le MNLA. Alors mettons-nous à la place du peuple malien quand on voit de telles choses. Ce que je crains, c’est que cette situation là, le fait de refuser de parapher le document ça ne peut que renforcer les positions objectivement des groupes armés narco-jihadistes qui ont tendance quand même à se diffuser et à déstabiliser l’ensemble du Mali ».