Week end sanglant au Mali, un attentat à Bamako et une attaque à Kidal ont fait 8 morts et plus d’une dizaine de blessés dont plusieurs grièvement.
Le week-end a commencé par un raid meurtrier au cœur d’un des quartiers les plus fréquentés de Bamako. Cinq personnes auraient participé à l’attaque contre le restaurant. Les suspects seraient toujours en fuite. L’enquête qui a été ouverte est menée conjointement par la police malienne, des policiers français et belges
Le corps de l’une des cinq personnes tuées dans l’attentat, un Français de 30 ans, Fabien Guyomard, devait être rapatrié ce soir. Un Belge, le lieutenant-colonel Ronny Piens, 44 ans, responsable de la sécurité pour la délégation de l’Union européenne fait lui aussi partie des victimes, ainsi que trois Maliens.
L’attentat a également fait huit blessés, dont deux militaires Suisses, qui ont été rapatriés dimanche après avoir été évacués au Sénégal. Ils sont hors de danger, selon l’armée Suisse. L’attaque de Bamako a été revendiquée par Al-Mourabitoune, le groupe jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
De toutes parts, à commencer par le président IBK, les condamnations ont été unanimes pour dénoncer « cet acte odieux », que ce soit de la France, de la Belgique ou des Nations-Unies. Depuis l’attentat, l’inquiétude est rééelle à Bamako notamment au sein de la communauté expatriée. Signe de cette tension, la réouverture du lycée français après les vacances a été remise de deux jours.
Dans sa revendication, le groupe Al-Mourabitoune a dit vouloir venger non seulement un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l’armée française en décembre, mais surtout son prophète, « de l’Occident mécréant qui l’a insulté et moqué ».
Hier une quarantaine de roquettes et d’obus se sont abattus sur le camp de la Minusma et un campement touareg non loin de là, faisant 5 victimes et de nombreux blessés.
La Mission de l’ONU au Mali a déploré un soldat mort et huit blessés dans ses rangs, ainsi que deux enfants tués et trois adultes blessés parmi la population civile à l’extérieur du camp.
Une source au sein de la Minusma a indiqué que le soldat tué était tchadien.
Selon une source sécuritaire de la Minusma, les civils touchés, appartenant à la tribu arabe des Kountas, se trouvaient dans un campement situé à environ trois kilomètres de la base de l’ONU.
« Vers 5H40 le camp de la Minusma à Kidal a essuyé plus d’une trentaine de tirs de roquettes et d’obus », et les Casques bleus ont répliqué peu après à deux kilomètres du camp.
Le Conseil de sécurité a condamné une attaque « odieuse », assurant que leurs auteurs devraient « rendre des comptes ». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a également fermement dénoncé l’attaque. Selon lui, « cette tentative flagrante va d’entraver les progrès réalisés dans un moment crucial du processus de paix au Mali est répréhensible ».
Après l’attaque à la roquette qui a visé le camp de la Minusma hier à Kidal, un calme précaire régnait dans la ville ce matin. Selon un habitant de la ville joint par Studio Tamani, la population vaque à ses occupations quotidiennes, malgré la peur palpable dans la cité.
« Après ce qui s’est passé hier, ça va aujourd’hui dans l’ensemble dans la ville. Les boutiquiers ont rouvert leurs boutiques. Les gens vaquent à leurs occupations habituelles. C’est le train-train quotidien, puisqu’il n’ y a pas beaucoup à faire ici. Les différentes ONG qui sont là travaillent. Il n’ y a pas eu de pause particulièrement malgré que les gens soient choqués. La ville est calme. Je ne vois pas de réaction particulière à part quelques véhicules des enquêteurs de la Minusma, je n’ai pas vu de patrouille habituelle de la Minusma. Aujourd’hui je les ai pas vu, même hier non plus. C’est un peu tard dans la journée que des avions ont commencé à survoler la ville ».
Le porte-parole du gouvernement a réagit ce matin aux récentes attaques terroristes. Choguel Maïga appelle les Maliens au calme et à ne pas céder à la panique. Le ministre n’a pas souhaité commenter toutefois les mesures de sécurité prises pour Bamako et à l’intérieur du pays.
Pour de nombreux observateurs, l’attentat perpétré à Bamako montre que des failles existent dans le dispositif de protection des habitants de la capitale. Les analystes voient dans ces événements un message des terroristes qui revendiquent une place dans les négociations.