Le projet d’accord de paix définitif a été paraphé ce matin par le gouvernement malien, la Plate-forme et la communauté internationale. C’était à l’occasion d’une cérémonie qui a mis fin au 5ème round des négociations inter-Maliens. Cependant, la coordination des mouvements armés n’a pas souhaité apposer sa signature audit document.
Ses responsables expliquent toutefois qu’ils ne rejettent pas la proposition d’accord. Ils déclarent vouloir « se donner le temps de mieux expliquer son contenu à la base ».
Mohamed Ousmane Ag Mahamedoune est l’un des chargés de communication de la coordination. Il est au micro de notre envoyé spécial à Alger Issa Fakaba Sissoko.
« La feuille de route que nous avons signé ici a dit clairement que chaque fois qu’on arrive à un compromis de laisser la possibilité aux parties d’aller les restituer et revenir. C’est ce mécanisme que nous avons proposé. Le document qui a été fourni par la médiation, même si à l’instar du gouvernement nous avons apporté des observations, des améliorations, consiste pour nous un accord. On a juste envisagé une marche dont le but est de donner plus de chance à la paix. Aujourd’hui il y a des leaders sur le terrain auxquels il faut expliquer le document et avoir la possibilité de toucher une partie de la population dans un très bref délai. On l’a déjà fait avec l’accord de Ouagadougou avant de le parapher. Et c’est ce que nous proposons aujourd’hui.»
Le fait que vous n’ayez pas paraphé le document c’est plus dans le respect d’une logique de démarche que le rejet du contenu du document ?
« C’est dans la logique de donner plus de chance à la paix. Il sert à quoi de signer un document et que demain vous ayez tout un désordre sur le terrain ?»
Pour les mouvements armés de la Plate-forme, ce moment était longtemps attendu par les populations du Nord qui, selon eux, ont trop souffert de la crise. La plate-forme invite cependant la coordination des groupes armés à « s’inscrire dans la logique de paix ».
Mohamed Ould Mataly, député élu à Bourem.
« Dieu merci aujourd’hui, c’est un ouf de soulagement parce que nos populations l’attendent impatiemment. Trois ans de problèmes, trois ans d’exclusion, trois ans d’insécurité, aujourd’hui, elles aspirent en ce moment-ci que bientôt on va signer et finaliser à Bamako, la terre natale. Il n’y a pas eu de problème entre le Mali et la coordination, mais la coordination a voulu se faire seule au nord, alors que la majorité du nord c’est nous, c’est nous, les représentants des populations. Mais nous, nous acceptons que tous les mouvements quelle que soit leur taille soit aujourd’hui dans une logique de paix. Si vraiment ils sont en train de lutter pour l’intérêt des populations, ils doivent être aujourd’hui dans cette paix, parce que ce processus n’a pas été fait, comme ils le disent en catimini. Ça fait un an que nous faisons des va-et-vient et c’est le 5e round. Donc si les gens étaient appelés à être dans un accord, les populations ou les mouvements, ils sont tous imprégnés aujourd’hui imprégnés de ce qui est en train de se passer ».
« Le document n’est pas parfait, mais profite à la paix, sans laquelle aucun développement n’est possible ». La déclaration est du ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui n’a pas souhaité commenté l’absence de la signature des mouvements de la coordination. Le chef de la diplomatie malienne au micro de Issa Fakaba Sissoko.
« Le Président de la République a fait le choix, le choix de la paix, le choix du compromis et de l’entente entre les maliens. Ce document sans être un document parfait, parce que nous sommes dans un processus de négociation où il faut un compromis et il faut des sacrifices importants. Mais ce document préserve l’essentiel pour le Mali sur la base aussi des directives qui ont été données par le Président dans le cadre de cette négociation. Je rappelle encore une fois que le Président a indiqué dès le début qu’en dehors de l’intégrité territoriale du pays, de son unité et de la forme laïque et républicaine de l’Etat, toutes les autres questions sont négociables. Et c’est cette ligne de conduite que nous avons tenue et nous pensons que ce qui a été acquis ici en Algérie préserve cela pour le pays mais aussi constitue une promesse de paix, une chance pour le pays d’aller de l’avant. Nous espérons que c’est la compréhension de tout un chacun. Aujourd’hui c’est l’occasion pour nous d’ouvrir un nouveau chapitre ».
Le représentant spécial de l’ONU dans la crise malienne a pour sa part déclaré que « la signature d’un accord ne signifie pas la paix ». Mongi Hamdi invite les parties et la communauté internationale à « une meilleure application du présent accord ».
Il est au micro de notre envoyé spécial.
« L’accord qui vient d’être paraphé bien qu’il ne réponde pas à toutes les demandes, qu’il ne satisfasse pas toutes les parties est basé sur un équilibre qui constitue une bonne base d’une paix durable et de réconciliation. Sa réussite dépendra donc de la capacité des parties à consentir les valeurs écologique, culturelle et politique, à servir une cause commune, celle de la paix facteur de salubrité, de progrès et de développement. Le comité de suivi de l’application de l’accord, et les commissions prévus dans cet accord sont à cet effet le brassage d’idées et de projets pour la refondation du Mali. Ils exhortent toutes les parties à appliquer loyalement cet accord et les engagements pris qui vont permettre de répondre aux difficultés politiques ainsi que de veiller à stabiliser le Mali ».