A Alger, alors qu’une rencontre officielle devrait avoir lieu demain entre les trois parties du conflit au Nord, sous la houlette de la médiation, les affrontements se poursuivent sur le terrain, notamment dans les alentours d’Annefis. La plate-forme accuse les groupes armés de la coordination « d’attaquer » ce vendredi ses positions en violation du cesse-le-feu. La coordination, elle, refuse de commenter, et remet sur la table « l’illégitimité », selon elle, de la plate-forme aux négociations d’Alger.
Les explications avec notre envoyé spécial à Alger, Issa Fakaba Sissoko.
C’est dans un communiqué rendu public depuis Alger que le porte-parole des groupes armés de la plate-forme, Me Harouna Toureh, a dénoncé ce qu’il appelle la « violation flagrante » du cessez-le- feu du 24 juillet dernier, et de la déclaration du président du Conseil de sécurité de la préservation de la paix et des droits des populations civiles.
Les mouvements armés de la plate-forme accusent ceux de la coordination d’avoir « attaqué » ce vendredi 13 février leurs positions dans la localité de Tabankort, précisément non loin d’Annefis. Si elle ne donne pas de bilan suite à ces affrontements, la plate-forme se dit convaincue que les populations civiles en payent un lourd tribu. Selon elle, il s’agit d’un « acte de sabotage » du processus d’Alger.
Interrogés sur la question, les responsables de la coordination se refusent à tout commentaire. « Nous avons décidé de ne plus commenter les déclarations de la plate-forme. Car elle n’est pas notre interlocutrice dans ces négociations », explique Mohamed Ousmane Ag Mahamedoun, l’un des chargés de la communication de la coordination. Pour lui, « seul le gouvernement de Bamako demeure leur interlocuteur légitime ».
Malgré cette situation tendue sur le terrain, les parties belligérantes croient en la suite du processus d’Alger. Ces nouveaux affrontement interviennent au moment où devrait avoir lieu demain à Alger une rencontre officielle entre les différentes parties, sous la houlette de la médiation. Cette rencontre devrait marquer, selon les acteurs, le début de la phase décisive des négociations.
La violation continue du cessez-le-feu par les différents groupes armés sur le terrain pendant le déroulement des pourparlers d’Alger, n’est pas de nature à garantir un accord de paix durable et fiable.C’est du moins l’avis de l’éditorialiste du journal »Le Républicain », Boukary Daou, pour qui il y a encore des préalables à observer.
« Si les mêmes parties qui doivent s’entendre à Alger sont en train de s’adonner aux affrontements sur le terrain, il y a donc quelque chose qui ne va pas. Et cela n’est pas de bon augure pour la suite des pourparlers. Il y a des réglages à faire. Ces réglages, c’est d’écouter encore toutes les parties, de s’entendre d’abord au niveau national sur une vision commune. Il y a d’autres nouveaux acteurs qu’il faut identifier et intégrer peut-être dans la négociation. Même si on arrache un accord dans ce climat, ce n’est pas évident qu’il sera respecté. Et ce n’est pas ce qui est souhaité »