Quatre djihadistes ont été relâchés par le Mali en échange de la libération de l’otage français Serge Lazarevic. La confirmation est venue hier du ministre de la justice, Mohamed Ali Bathily. Cette révélation permet de lever une partie du voile qui entoure les conditions de la libération de l’otage français.
Mohamed Ali Bathily a concédé hier ce que beaucoup annonçaient depuis la libération de Serge Lazarevic. « Le Mali ne peut pas ne pas dire qu’ils ont été libérés » a concédé le ministre de la justice sur France 24. « C’est un fait », a-t-il dit. Selon le ministre Bathily, « tout le monde le sait, ça ne sert à rien de nier la réalité ».
Le ministre malien de la justice a souligné que cet échange s’était déroulé dans un « cadre bien précis », notant que des Maliens faits prisonniers par des jihadistes à Kidal, dans le nord du pays, avaient été également échangés.
Cette opération, a-t-il rappelé, a été faite à l’époque « pour les 38 militaires Maliens le préfet, les policiers et les gendarmes ». Le ministre a également légitimé les libérations en estimant qu’il était difficile « de faire moins pour un pays qui a aidé le Mali que ce qu’il a fait pour ses propres fils ».
D’après certaines sources, Mohamed Ag Wassoudene, soupçonné d’être l’un des initiateurs de l’enlèvement de Serge Lazarevic, et son complice présumé Haiba Ag Acherif, faisaient partie de l’échange.
Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’Homme a aussitôt réagit à cette déclaration du ministre de la justice en estimant que « s’il s’agit d’un succès pour la diplomatie française, pour son association c’est une grave violation des droits des victimes maliennes ».
Aussitôt après l’intervention du ministre de la justice sur FRance24, l’opposition a réagi. Selon Djiguiba Keita, secrétaire général du PARENA, cette confirmation du ministre prouve que « le Mali n’est pas un Etat de droit ». Pour l’opposant, « c’est aussi un manque de considération pour le peuple malien qu’un ministre s’explique sur un média français au lieu de ceux son pays ».
Djiguiba Keita dit PPR joint par Sékou Gadjigo.
« J’ai une réaction d’indignation que le ministre trouve qu’il a plutôt à s’exprimer devant le peuple français que devant le peuple malien.
Déjà nous à l’opposition, dans notre déclaration, nous avions demandé au président de la République de s’expliquer. Mais en lui demandant de s’expliquer, nous voulions qu’il le fasse devant le peuple malien. S’il ne le pouvait, pas, cela pouvait bien être son ministre de la justice. Mais il devait s’adresser au peuple malien. Nous estimons donc que s’agit d’un manque d’égard envers notre peuple que nous dénonçons avec la plus virulente des véhémences.
Ensuite, l’information qu’il a donnée n’est qu’une confirmation de ce que tout le monde savait.
La réaction du ministre prouve que nous sommes dans une République bananière, où on parle d’Etat de droit du bout des lèvres, et dans la pratique c’est la volonté du prince qui s’exprime. Sinon un pays ordinaire, un pays normal, un pays où il y a l’anticipation, aurait dû prendre des dispositions à faire en sorte que ces terroristes soient jugés d’abord. Et après s’il y a des contraintes de partenariat avec la France, le Président avait tout loisir d’exercer son droit de grâce ».