La 19ème édition de l’Espace d’Interpellation Démocratique s’est tenue hier au Centre international de conférences de Bamako. Cette année, plus de la moitié des interpellations provenaient des régions, avec une place de choix réservée au foncier et à la justice.
Pour cette 19e édition, près de 300 dossiers d’interpellations ont été reçus, plus de la moitié venant de l’intérieur du pays. Un chiffre qui dépasse de loin celui de l’édition précédente. Un franc succès donc; seul bémol, la participation des femmes est restée très faible. Seulement, 5% des interpellations ont été formulées par les femmes.
Hier, 23 dossiers sélectionnés par la commission préparatoire ont pu être lus et obtenir des réponses, 130 ont été classés pour «suite à donner», et 131 autres rejetés. Cette année, l’essentiel des interpellations a porté sur des litiges fonciers et domaniaux, sur la non exécution des décisions de justice, sur les régularisations de situations administratives et sur le non respect des engagements contractuels de l’État. Selon le Médiateur de la République, ces nouvelles interpellations confirment que «l’État de droit fonctionne encore difficilement dans notre pays».
Initié en 1994, l’Espace d’expression et d’interpellation des gouvernants, a pour objectif la promotion de l’État de droit, de la bonne gouvernance et le renforcement de la démocratie.
Pour le juriste chercheur Baba Dakono, l’EID est un acquis démocratique qui doit être préservé, car il reste une véritable tribune permettant aux administrés d’interpeller les administrateurs sur la gestion publique. Selon lui il n’est pas surprenant de voir la question du foncier revenir dans toutes les interventions.
Il a été joint par Sékou Gadjigo
«D’un point de vue de vitrine, on peut dire que l’espace d’interpellation démocratique offre quand même une tribune aux citoyens, permettant aux administrés d’interpeller les administrateurs sur les questions à propos desquelles ils estiment avoir été lésés. Donc, c’est une véritable tribune aujourd’hui d’expression libre sur les violations des droits des administrés par les administrateurs. Cet espace est un acquis de la révolution de 1994, qu’on doit préserver à tout point de vue et souhaiter voir consacré sur le plan constitutionnel pour qu’il ne soit pas fragilisé»
«On n’est pas surpris de voir toujours la question du foncier revenir dans les discussions. Aujourd’hui, dans le domaine du foncier, il y a énormément de problèmes et énormément de personnes ont été lésées dans leur droit, ce qui fait que le foncier devient un sujet sensible aujourd’hui et une question de sécurité nationale de premier ordre».