Le financement prévu pour les activités du Comité Technique de Sécurité (CTS) pose problème. Les fonds disponibles permettent des activités jusqu’en fin mars 2017, dans un peu moins de 2 mois.Cette situation inquiète déjà les observateurs, qui regrettent « le retard pris dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ».
En attendant l’échéance, l’avenir du CTS fait débat chez les acteurs chargés de la mise œuvre de l’accord.Selon certains observateurs, « l’épuisement du financement du Comité technique de sécurité n’est autre que la conséquence du retard pris dans le processus de désarmement et de cantonnement.
Du côté de la MINUSMA on se dit« engagée à soutenir le processus de paix dans toutes ses composantes ».C’est l’assurance donnée par sa porte-parole en réponse à notre interrogation. Mme Radhia Achoura s’insurge par ailleurs contre l’information véhiculée dans les médias selon laquelle la MINUSMA arrête le financement du Comité Technique de Sécurité et relègue ce financement au Gouvernement malien. Elle explique que « ce financement de la CTS est approuvé jusqu’à la fin du mois de mars 2017 sur la base des fonds disponibles. Pourquoi fin mars 2017 ? Parce que le financement est effectué par des dons de bailleurs de fonds et les fonds existants couvrent les activités de la CTS jusqu’à cette échéance ». Mais, précise encore Mme Achoura « Il s’agit nullement d’arrêter le financement mais bien de continuer d’identifier des fonds chez les donateurs ».
La porte-parole de la Minusma rappelle à cet effet que ce financement volontaire s’explique par le fait que la CTS fait partie des arrangements temporaires dans le cadre de l’accord de paix car en définitive, une fois les forces armées et de sécurité maliennes reconstituées et déployées dans tout le territoire, ce mécanisme n’aura plus lieu d’être, comme tous les autres mécanismes de suivi de mise en œuvre de l’Accord de paix, une fois cet accord mis en œuvre en totalité.
Selon des observateurs, les difficultés actuelles sont le résultat de l’attentat terroriste survenu à Gao récemment ayant étalé les insuffisances dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Pour Serge Daniel, journaliste et écrivain, la réunion de haut niveau qui doit avoir lieu prochainement « pourrait relancer le débat sur l’ensemble du processus qui a pris un coup ». Il est joint par Idrissa Sako
« J’ai l’impression que pour le moment le processus est bloqué. L’attentat de Gao qui a causé la mort des dizaines de personnes, est vraiment un coup de poignard. Donc il faut réinventer le processus, je sais qu’il y a très prochainement une réunion de haut niveau pour relancer le processus de paix dans le nord du Mali. A mon avis, il faut réinventer un processus de paix en prenant en compte 3 choses. La première, est que l’accord de paix qu’on a signé, a montré ses limites, la 2ème chose, il y a une volonté quand même, malgré tout du gouvernement de gouverner et d’aller vers la paix. La 3ème est qu’il faut une implication plus active de la par des populations locales dans le processus de paix et ça on l’a pas encore.
Alors, dans la mise en œuvre de l’accord, le jeu est-il sincère entre les acteurs?
Il y a un jeu dans le jeu, parce que chacun voit d’abord midi à sa porte. Il y a ceux qui ne veulent pas aller du tout et ceux qui sont heureux dans cette situation pour installer une économie parallèle dans la zone ».