Le procès du général Sanogo et des 17 autres co-prévenus dans l’affaire des bérets rouges qui devait reprendre ce matin à 9h est reporté à lundi. Les avocats de la défense et de la partie civile ont refusé de rentrer dans la salle d’audience sans leurs téléphones portables. Le président de la Cour Mamadou Berthé a décidé de suspendre les débats.
Les 17 avocats de la défense et les 6 avocats de la partie civile ont refusé de rentrer dans la salle d’audience sans leurs téléphones. Selon l’un d’entre eux Me Harouna Toureh, il s’agit d’outils de travail.
Le général Amadou Haya Sanogo est arrivé aux environs de 8h30 accompagné de son ex Ministre de la défense et son ex chef d’Etat Major, Ibrahim Dahirou Dembélé. Un quart d’heure plus tard, les autres co-prévenus ont fait leur rentrée. Alors qu’on attendait les avocats, ces derniers sont restés dehors. Regroupés devant la porte ouest de la salle, ils ont décidé de ne pas bouger. Le procureur général, Mamadou Lamaine Coulibaly, a fait des allers et retours pour trouver une solution, mais en vain. Devant cette situation, le président de la Cour Mamadou Berthé s’est résolu à renvoyer l’ audience à lundi.
A la sortie du convoi ramenant le général Sanogo au gouvernorat où il est retenu avec les autres co prévenus , des dizaines de manifestants ont scandé « libérez le général ».
Les avocats de la défense et ceux de la partie civile réclament de meilleures conditions de travail. Selon eux, les restrictions sécuritaires de ce procès sont une « atteinte à l’exercice de leur profession »
Me Hassane Dioma Ndiaye est un des avocats de la partie civile. Il est au micro de notre envoyée spéciale à Sikasso Mariam Maïga :
Maintenant, de plus en plus dans les procès modernes, il y une audience de mise en état, où le Procureur, le Président du Tribunal conviennent avec les avocats pour définir, déterminer les modalités du déroulement de l’audience. Je pense qu’on aurait pu dans le cadre d’une audience préliminaire déterminer des règles. Mais quand les avocats viennent le matin, organisent leur défense en fonction des moyens en leur possession, notamment des appareils électroniques et qu’on leur interdise d’en faire usage , évidemment vous faussez complètement le travail de ces avocats. C’est une atteinte à l’exercice de la profession d’avocat. C’est pour cela que nous, bien qu’étant du côté des parties civiles, nous pensons qu’il est important de se battre pour le principe. Quelle différence ce procès a par rapport aux autres qui se tiennent où on permet aux avocats d’avoir leurs appareils téléphoniques. Donc aujourd’hui on est en train de fausser l’esprit de ce procès, on est en train d’en faire un procès particulier avec des règles particulières, des restrictions sous l’autel de l’impératif sécuritaire qui ne s’impose pas. L’avocat, c’est la responsabilité, c’est un acteur de la justice. On ne peut soupçonner les avocats d’être des sources d’insécurité ».
Le Procureur Général s’est dit prêt à mettre à disposition une salle pour tous les avocats d’ici lundi pour régler le problème. Mais selon lui, ils connaissaient le règlement intérieur bien avant le début du procès .
Mamadou Lamani Coulibaly au micro de notre envoyée spéciale à Sikasso Mariam Maïga :
« Ce ne sont pas les meilleures conditions de travail qu’ils exigent. Au fait avant même cela, vous avez suivi que nous avons adopté un règlement intérieur. Et pour des mesures de sécurité, nous avons prescrit à tout le monde de se soumettre à la fouille au corps et d’éviter l’usage de téléphones à l’intérieur de la salle. C’est pour des raisons de sécurité pour qui connaît maintenant à quoi ça sert les téléphones portables. Cette mesure est générale, elle s’applique à tous, aux magistrats, aux avocats. C’est cette mesure qui a été refusée aujourd’hui par les avocats, ils disent qu’ils ne rentrent pas dans la salle d’audience sans leurs téléphones. On a tout fait, on a négocié, vous avez vu moi même j’ai fait des vas-et-viens sans succès. Ils n’ont pas accepté de rentrer. On va continuer à négocier avec eux, on va continuer à rapprocher les vues pour que l’audience puisse continuer. Ils ont demandé de leur faire une salle où ils pourront mettre éventuellement leurs affaires. On va trouver le moyen de mettre cette salle à disposition le lundi ».