Alors que la campagne pour les élections communales se poursuit, le gouvernement et les groupes armés signataires de l’Accord se sont engagés à rendre la mise en place des autorités intérimaires effective avant le 15 novembre prochain. Mais dans plusieurs localités du Nord, le processus est confronté à des résistances , notamment à Gao, Tombouctou, Ménaka, où plusieurs mouvements ont exprimé leur opposition au mécanisme d’opérationnalisation des autorités intérimaires. Pour certains, ces difficultés devraient impacter le démarrage du MOC, Mécanisme opérationnel de Coordination.
Le processus de mise en place de ces autorités intérimaires a ravivé les tensions au sein des mouvements armés, notamment à la CMA. Une partie de ses membres a violemment contesté les listes envoyées au gouvernement.
Il y a quelques jours, une marche de protestation a dit » non » à l’installation des autorités intérimaires à Ménaka. Le Mouvement pour le Salut de l’Azawad, dissident de la CMA qui contrôle la zone , refuse toute installation des autorités intérimaires sans que soient prises en compte ses préoccupations.
Cette position est partagée par les réfugiés du camp de M’Béra, en Mauritanie, majoritairement originaires de Tombouctou.
A Gao une partie de la jeunesse exprime également son opposition au projet d’installation des autorités intérimaires . Dans une déclaration, des militants du Mouvement de résistance disent « non » à leur installation . Selon ces jeunes , cette mesure doit concerner les collectivités qui connaissent des dysfonctionnements . En clair, selon eux , « l’installation de ces autorités accorde une prime à l’impunité » au bénéfice de ceux qu’ils considèrent comme leurs « bourreaux ».
C’est dans ce contexte que la campagne pour les communales s’est ouverte il y a quelques jours. La mise en place des autorités intérimaires devrait être » effective » d’ici le 15 novembre prochain. Mais selon un certain nombre d’observateurs, ce calendrier sera difficile à respecter, en dépit de la tenue des élections communales prévues le 20 novembre.
A une dizaine de jours de l’échéance fixée pour la mise en place des autorités intérimaires, le processus peine à démarrer à Tombouctou. Dans cette localité, un certain nombre de voix expriment leur opposition et disent leurs craintes « d’un retour des bourreaux à la tête des affaires ».
Mohamed Oyé Cissé est président de l’Association des ressortissants du Nord pour le développement et la paix. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
» Nous voyons une forme de favoritisme caché derrière ces autorités intérimaires. Nous voyons une forme d’injustice cachée derrière ces autorités intérimaires. C’est pour cela que nous disons non encore une fois de plus aux autorités intérimaires. Car même si ces autorités intérimaires doivent être mises en place, elles doivent l’être à travers le consentement de la population, chose qui n’est pas le cas. Et d’ailleurs on nous a parlé de la mise en place de ces autorités intérimaires là où les gens sont empêchés (là où les collectivités ne fonctionnent pas). Mais finalement même cela n’est pas tenu. Aujourd’hui on installe les autorités intérimaires à tord et à travers. À notre point de vue c’est pour donner le pouvoir à des hommes qui savent qu’à travers les élections, ils ne seront jamais élus, ils ne seront jamais à la tête de ces pauvres populations.
Concrètement qu’est-ce qui fait peur dans la mise en place des autorités intérimaires ?
Ce qui fait peur dans la mise en place de ces autorités intérimaires est que les mêmes gens qui ont maltraité la population, ces mêmes individus vont venir encore diriger ces mêmes populations, diriger ces mêmes localités où ils ont maltraité à tous les niveaux ».