Une manifestation des populations de Kidal contre la MINUSMA et de la force Barkhane a dégénéré, faisant deux morts et 4 blessés ce matin. Ces violences font suite à l’arrestation de plus d’une douzaine de personnes depuis le début du mois par les forces onusiennes et françaises dans la localité. Selon des sources locales, la Minusma aurait tiré sur les manifestants en tuant « deux jeunes ».
Un habitant de Kidal joint au téléphone par Intalla Ag Bilal
« Les raisons qui ont poussé les gens à manifester c’est surtout les multiples arrestations au niveau de Kidal et dans les contrées en dehors de cela il y a aussi les traitements que subissent les gens de la part et de la Minusma et de Barkhane. Donc les gens ont manifesté à leur place habituelle qui est voisine de l’aéroport tenu par la Minusma, donc certainement les gens se sont trop approchés d’eux en scandant des slogans hostiles à la Minusma et à Barkhane. En un instant tout a basculé, ils ont commencé à tirer sur les gens il y a eu au total six blessés dont trois enfants de moins de 17 ans. Et deux sont décédés parmi les enfants ».
Qu’est-ce qui a provoqué les tirs selon vous ?
« Nous, nous ne savons pas ce qui a provoqué les tirs. C’est pas la première fois, ça ne serait pas peut-être la dernière fois non plus ».
« Selon la Minusma des manifestants se sont introduits par effraction vers 10 h sur la piste de l’aéroport, en mettant le feu aux installations sécuritaires. Toujours selon la Minusma la piste d’atterrissage de Kidal est un élément essentiel pour l’approvisionnement de l’aide humanitaire, le soutien aux populations locales, ainsi que pour les opérations de la MINUSMA et des forces partenaires. Dans son communiqué la mission ne confirme pas les victimes et indique que les informations données par certains média sont actuellement en cours de vérification. »
« La Coordination des Mouvements de l’Azawad a confirmé les événements qui selon ses responsables ont coûté la vie à deux manifestants. La CMA a condamné les violences nées de cette manifestation et lancé un appel immédiat au calme et à la retenue. Elle a aussi demandé à la Minusma de diligenter une enquête immédiate pour identifier les auteurs des tirs mortels contre les manifestants. »
Toujours à Kidal, un véhicule et ses passagers du Comité International de la Croix Rouge, ont été enlevés samedi, près d’Abeïbara. Cet enlèvement intervient alors que la semaine dernière trois soldats français ont trouvé la mort à Tessalit dans l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule. Le groupe jihadiste Ançardine a revendiqué leur mort dans un communiqué publié par l’agence Alakhbar.
Le véhicule transportait une équipe d’évaluation des besoins humanitaires des populations. Le CICR a créé deux cellules de crise pour essayer de retrouver ses agents le plus rapidement possible .
Valéry M’Baou Nana, porte-parole du CICR, joint par Mahamane El Mamoune :
« Je confirme effectivement qu’une équipe du CICR qui partait de la localité de Dachisak, près d’Abeibara pour une mission humanitaire d’évaluation des besoins des populations, et qui faisait chemin vers Kidal, a été interceptée. Et nous avons perdu contact avec cette équipe là depuis samedi. Ceci est une illustration d’ailleurs du problème de sécurité que nous rencontrons. Nous essayons maintenant de faire tout ce qui est possible pour pouvoir les retrouver le plus rapidement et de savoir qui est responsable. Pour ce faire, il y a au moins deux cellules de crises qui ont été mises en place : une à Bamako et une autre au niveau de Genève au siège du CICR. Il est question pour ces cellules d’activer tous les réseaux possibles, de rencontrer tous les acteurs afin de pouvoir localiser nos collègues et de pouvoir les libérer le plus rapidement possible. C’est la priorité que nous avons aujourd’hui ».
Cet enlèvement intervient alors que la semaine dernière trois soldats français ont trouvé la mort à Tessalit dans l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule. Le groupe jihadiste Ançardine a revendiqué leur mort dans un communiqué publié par l’agence mauritanienne Alakhbar. La force Barkhane n’a pas confirmé cette revendication. Selon son représentant, il faut maintenir la pression sur les groupes terroristes afin d’anéantir leur capacité de nuisance. La force Barkhane travaille ainsi à développer des moyens et équipements pour empêcher la confection des engins explosifs par les jihadistes.
Général Lafont-Rapnouil est représentant de la force Barkhane au Mali :
« Je peux juste vous dire que j’ai vu dans la presse une revendication d’Ansar Dine, mais je ne saurai pas vous confirmer cette information.
Ce qu’il faut bien comprendre d’abord, c’est que ce mode d’action est un petit peu une démarche du faible au fort. On voit bien que les groupes armés terroristes ne sont plus aujourd’hui en mesure de mener des actions de force. Bien sûr, nous développons énormément de modes d’action pour lutter contre cette menace : la première c’est bien sûr tout ce qui concerne les équipements, la mise en place de véhicules blindés de plus en plus sophistiqués et on renforce cette capacité régulièrement. Bien sûr ensuite, c’est dans les modes d’action et dans les procédures que l’on met en œuvre, la reconnaissance des points jugés dangereux. Et puis derrière, on a également des moyens très sophistiqués de recherche, de manière à pouvoir identifier la façon dont ces engins explosifs ont été confectionnés, identifiés ceux qui les ont mis en place parce que l’objectif, c’est bien in fine d’aller attraper, ceux qui confectionnent ces explosifs, et il y en a quand même relativement peu, et puis de pouvoir détruire les fabriques de construction ».