Un groupe d’officiers maliens participent depuis hier à une réunion destinée à examiner les conditions de l’intégration des ex-combattants des groupes armés dans l’armée nationale. Cette rencontre intervient alors que le Secrétaire général adjoint des Nations Unies Hervé Ladsous a appelé le gouvernement et les groupes armés à accélérer le processus DDR et d’intégration des ex-combattants.
C’est la première rencontre impliquant l’armée sur la question de l’intégration des ex-combattants depuis la signature des accords d’Alger. Même si le gouvernement a créé une commission nationale d’intégration depuis la fin de l’année, les choses ont toujours du mal à bouger.
Cette réunion selon le Ministre de la défense a donc pour but de réfléchir sur les conditions ainsi que les règles de cette intégration. Tiéman Hubert Coulibaly assure que « des mesures seront prises pour éviter les erreurs du passé » et que « les principes de recrutement resteront inviolés »
L’accord pour la paix et la réconciliation prévoit parmi ses priorités l’intégration des anciens combattants des groupes armés signataires au sein de l’armée malienne. Près de dix mois après la signature de l’accord, le processus DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion) piétine. Cette étape de mise en œuvre de l’accord devrait aboutir à l’intégration des ex-combattants des groupes armés désireux de servir dans l’armée nationale.
Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a alerté cette semaine les parties signataires sur le retard accusé dans ce processus de DDR tout en invitant les groupes armés a fournir les listes de leurs combattants nécessaires pour organiser les cantonnements.
Le ministre de la défense assure que toutes les dispositions sont prises pour ne pas commettre les mêmes erreurs commises dans le passé. Selon lui, l’urgence du processus ne doit pas prendre le dessus sur les principes de l’intégration de l’armée.
Tiéman Hubert Coulibaly est au micro d’Oumar Waigalo :
Vous savez qu’on a signé un accord de paix, et cet accord prévoit que des ex-combattants signataires qui voudraient continuer dans le métier des armes, puissent être accueillis dans l’armée nationale. Ceux qui auront pris la décision et qui auront été jugés aptes à travers un certain nombre de critères du processus de sélection de servir dans l’armée nationale, doivent faire l’objet d’une intégration.
Que faut-il faire pour éviter les erreurs qui ont été commises dans le passé ?
Vous mêmes vous dites qu’il y a eu des erreurs. Si vous vous êtes au courant, cela veut dire que nous, nous sommes au courant. Donc nous allons éviter ces erreurs ensemble, mais attention : la crise à laquelle vous avons fait face au Mali depuis 2006, n’est pas la même que celle des rébellions des années 1990. C’est différent. Nous avons des terroristes et des trafiquants de drogue qui se sont invités dans le débat, il y a le prétexte religieux. Toutes choses rendent cette crise beaucoup plus complexe.
Cette rencontre des officiers maliens se tient alors que les députés de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale viennent de boucler une mission dans les régions de Gao, Ménaka et Tombouctou. Objectif : s’enquérir des conditions des troupes au front et faire le point de la situation sécuritaire. Pour ces élus, le constat est positif malgré les insuffisances de certains moyens . Ils exigent aussi « plus justice et de rigueur » dans le processus l’intégration des ex-combattants dans l’armée nationale.
Yaya Sangaré est député élu à Yanfolila, membre de la commission défense et sécurité. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« Nous nous sommes rendus compte d’abord que le moral des troupes est au point et que les nouveaux leaders qui sont en train de conduire nos soldats au front ont une autre manière de diriger les troupes, et ils sont parvenus vraiment à les motiver. Nous avons senti une détermination chez les troupes, et l’Etat a fourni des efforts aujourd’hui pour que nos soldats se sentent en sécurité. C’est vrai il y a quelques insuffisances à corriger, notamment en terme de logistique, de moyens, etc. Nous leur avons promis que nous serons leur porte-parole pour porter ces messages au plus haut niveau afin que le gouvernement puisse s’impliquer davantage pour nos forces de défense de sécurité ».
Votre tournée se tient au moment où s’est ouverte hier à Bamako une rencontre de réflexion des officiers maliens sur le projet d’intégration des ex-combattants des groupes armés dans l’armée nationale. Quelle est l’appréhension des députés sur cette question ?
« La question va être posée et les officiers maliens vont se prononcer. Mais il faut gérer la question de la réintégration des ex-combattants de façon très intelligente : faire en sorte qu’il n’y ait pas de frustration, pas d’injustice, et que les règles militaires puissent être appliquées dans toute leur rigueur ».