Des rencontres inter-communautaires à Anefis, Ménaka, Gao, etc. La signature du « pacte d’honneur » entre la plate-forme et la CMA, mais également l’échange de prisonniers et la caravane de paix qui vient de boucler son périple. Les récentes initiatives en faveur de la paix ont impulsé, selon les observateurs, une nouvelle dynamique au processus de réconciliation au Mali.
L’une des manifestations de cette nouvelle dynamique de paix a été l’annonce de patrouilles mixtes par les parties en conflit. La CMA et plate-forme entendent « former un bloc » aux côtés de l’armée malienne « pour mieux lutter contre l’insécurité dans le Nord ». L’annonce, qui est intervenue à la faveur de la 5ème réunion du Comité de suivi à Bamako, est perçue par la médiation et les observateurs comme une avancée significative dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
Aussi, les échanges de prisonniers entre les parties, suivis de la signature du « pacte d’honneur » entre la CMA et la plate-forme ont permis de mettre fin aux nombreux affrontements sur le terrain. En août dernier les deux principaux groupes armés s’étaient violemment affrontés à Anefis.
Les rencontres inter-communautaires organisées dans la localité ont permis de sceller la paix entre les mouvements. D’autres rencontres entre les différentes communautés, notamment à Ansongo, Gao, ont impacté le processus de mise en œuvre de l’accord de paix, notamment l’identification de sites de cantonnement et les premières mesures de désarmement et de démobilisation des comattants.
C’est donc dans ce contexte que va intervenir dans deux semaines la prochaine réunion du comité de suivi de l’accord à Bamako. D’ores et déjà, les parties se montrent optimistes.
C’est dans ce climat de décrispation que la caravane de la paix Azalaï a sillonné les régions de Tombouctou et de Gao. Elle a achevé cette semaine sa tournée à Koulikoro après être partie d’Ansongo. Plus d’une cinquantaine de personnes ont pris part à cette caravane pour parler avec les populations de la paix et de la réconciliation. Conduite par le ministre de la réconciliation nationale, la caravane a été accueillie par les autorités politiques et administratives de la région de Koulikoro.
A sa descente du bateau, le ministre Zahabi s’est exprimé au micro de notre correspondant Zoumana Nayté :
« L’objectif de cette caravane était d’abord de mettre en valeur ce vivre en commun. Cette union sacrée de notre pays qui est garantie par le fleuve Niger. Le fleuve Niger traverse tout le Mali. Et le fait qu’on est une caravane composée de toutes les composantes socio-ethniques de notre pays, et qui puisse partir dans les coins les plus reculés, ceci est un signal pour la paix. Le long du fleuve par ce bateau constitue le train d’union entre toutes nos régions. C’est très important à mon avis parce qu’il fallait monter que l’Etat est de retour, que le Mali est de retour ».
Pour certains observateurs, ces initiatives témoignent que le processus de paix est sur « une bonne voie ». Selon eux, le rapprochement de la plate-forme et de la CMA, « la réussite » de la caravane de la paix et l’identification de sites de cantonnement annoncent « l’espoir d’une sortie de crise ».
Pr. Mamadou Samaké est chargé de cours à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako. Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Je crois que le processus d’Alger est bien parti pour une sortie de crise définitive. Ceci peut être expliqué par le rapprochement de la plate-forme et de la CMA d’une part, et d’autre part, par les décisions prises par la comité de suivi de l’accord en ce qui concerne le cantonnement dans la perspective du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion. Je crois savoir que les sites de cantonnement sont déjà identifiés. Il s’agit maintenant de déterminer le budget au regard du succès engrangé par la visite d’Etat du président Ibrahim Boubacar Keïta. La caravane de paix s’inscrit dans la dynamique de la réconciliation, puis le retour des réfugiés. Donc la caravane de paix est une dynamique pour pouvoir ressouder le tissu social ».