Certains l’avaient présenté comme « le cerveau de l’attentat de la Terrasse ». Le présumé jihadiste, Saouty Kouma, pourrait être libéré dans les prochains jours. Arrêté début juillet à Baraoueli par les services de sécurité, puis transféré à Bamako, l’homme a été ensuite remis à la police. Les enquêtes n’ont pu établir un lien avec les réseaux jihadistes. En revanche, celui appréhendé à Ouan, toujours dans la région de Ségou, a été mis à la disposition de la gendarmerie.
Il était présenté par certains comme « le cerveau de l’attentat de la Terrasse » en mars dernier qui a coûté la vie à un Français, un Belge et trois Maliens. L’arrestation de Saouty Kouma était considérée comme « une piste sérieuse » pour les enquêteurs. Mais selon des sources sécuritaires maliennes, proches de l’enquête, Saouty Kouma a été relâché par les services spéciaux. Il a été mis à la disposition de la police et pourrait recouvrer bientôt la liberté, faute d’éléments à charge. S’il est reconnu comme un adepte de la secte « Dawa », les indices ne prouvent aucun lien avec un quelconque mouvement jihadiste.
Cette libération intervient après celle des 20 présumés jihadistes arrêtés il y a deux semaines à Zégoua. Ils ont été relâchés « faute de preuves ».
Quant au présumé terroriste appréhendé à Ouan, il est actuellement à la disposition de la gendarmerie. Les premiers éléments de l’enquête ont établi qu’« il est islamiste convaincu » ayant un lien avec le mouvement jihadiste Ançar-Dine dirigé par Iyad Ag Aly ».
Selon les sources sécuritaires, la situation est calme depuis quelques jours sur le front antiterrorisme. Cependant, précisent-elles, « les brigades et les commissariats demeurent en état d’alerte ». L’opération « Soutoura » déployée dans le sud du pays, notamment dans la région de Sikasso, « est en réorganisation », et la traque de présumés jihadistes se poursuit.
Depuis quelques temps, un calme relatif semble régner sur le front de la lutte antiterroriste au Mali. Selon de nombreux observateurs, « ce calme est le fruit du renforcement du dispositif de sécurité à travers la multiplication des patrouilles des forces de sécurité ». Toutefois, préviennent certains observateurs, « il ne faut pas baisser la garde » et « un débat est nécessaire sur la religion au Mali ».
Firoun Maïga est spécialiste des questions de sécurité. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« On sent la pression montée, et dans ces genres de situation c’est normal. Car ça fait que ceux qui sont animés de mauvaises intentions vont réfléchir plusieurs fois avant de poser des actes. Maintenant ce qu’il faut, c’est de renforcer cette vigilance et la contribution de la population.
En ce qui concerne la création de sectes islamistes, comme Dawa, que nous constatons aujourd’hui, c’est vrai que c’est nouveau dans notre pays. Mais il faut interroger l’histoire. Le Mali est un pays de tradition musulmane, qui a posé des actes dans le cadre de la religion. Aujourd’hui nous voyons mal des gens venir d’un horizon lointain nous enseigner les fondamentaux de l’islam. Mais la liberté est donnée à chaque individu de pratiquer sa confession de choix. C’est cela la laïcité, mais laïcité ne veut pas dire anarchie, encore moins usurper les droits des populations. Je pense qu’à ce niveau-là, il faut ouvrir un débat franc sur la question (entre le ministère du culte, le Haut conseil islamique et le peuple malien) pour que des lignes rouges soient fixées ».