Le rendez-vous d’Alger lancé ce week-end par le représentant spécial des Nations Unies au Mali sera-t-il honoré ? A cette heure tout laisse penser qu’il aura du mal a être organisé. Repoussé déjà à deux reprises, certains comme la Plate-forme et l’Union africaine avancent que ses représentants n’ont pas été informés, tandis que les cadres de la CMA ont confirmé ces dernières heures leur refus de signer l’accord paraphé à Alger le 1er mars par Bamako et la Plate-forme.
La médiation internationale est engagée dans une course contre la montre. Celle-ci s’est accélérée avec la déclaration du représentant spécial des Nations Unies au Mali en fin de semaine à Dakar. Ce dernier a demandé aux belligérants de se rencontrer une nouvelle fois à Alger, dans un premier temps ce week-end et ensuite en début de semaine.
« Nous sommes en train de faire des efforts pour encourager et pour demander à toutes les parties engagées sur le terrain de cesser le feu impérativement et immédiatement afin de créer les conditions favorables avant la signature le 15 mai », a déclaré M. Mongi Hamdi.
Le rendez vous d’Alger reste à ce stade toujours hypothétique. Les tensions sur le terrain ne faiblissent pas à l’image des violents combats meurtriers aujourd’hui à 30 km de Tombouctou ou du véhicule de la Minusma qui a sauté hier sur une mine à Tenenkou.
Il y a quelques heures, des cadres de la CMA ont diffusé un communiqué dans lequel ils appellent une nouvelle fois à refuser de signer l’accord conclu dans la capitale algérienne.
Les attaques sont loin de s’apaiser et se multiplient dans le Nord. Un convoi militaire a été pris en embuscade ce matin près de Tombouctou par des combattants de la CMA. L’attaque a été confirmée de source rebelle et militaire. Un porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad a déclaré à l’agence Reuters que les assaillants avaient tué une vingtaine de personnes dans l’attaque et s’étaient emparés de plusieurs véhicules. Un porte-parole de l’armée a confirmé l’attaque, mais n’a pas fourni de bilan. Des renforts ont été envoyés sur place.
C’est donc ce contexte tendu que la réunion d’Alger devrait intervenir. Selon les observateurs, la réunion envisagée à Alger « n’est pas une étape essentielle dans le processus », mais « elle permet de baliser le terrain » avant la signature du 15 mai prochain. Selon Me Amadou Tiéoulé Diarra, « en cas de refus de la CMA de signer l’accord, la Convention de Vienne doit être mise en application contre ses responsables ».
Me Amadou Tiéoulé Diarra est avocat, chargé de cours à l’université de Bamako. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko:« La réunion qui est envisagée d’être tenue à Alger n’est rien d’autre, effectivement qu’une réunion de mise à niveau. C’est à dire qu’on s’assure que les violons seront accordés. Ce n’est rien d’autre que cela, pour qu’il n’y ait pas de faux bon le 15 mai à Bamako.
Un accord qui pourrait être signer le 15 mai sans la CMA, à quoi sert-il ce accord ?
Nous devons nous renvoyer à ce qu’on appelle le droit de traité, la convention de Vienne de 1969 doit s’appliquer. Cette convention s’applique pour la seule raison qu’en depuis du fait que les protagonistes ne sont pas deux États en cause, mais c’est un conflit infra-Étatique. C’est à dire, c’est entre des citoyens d’un seul État. Il n’en demeure pas moins que la convention de Vienne de 1969 insiste sur la bonne foi dans la négociation des accords, des traités. La bonne foi en dernière instance, elle est déterminante ».