Les dirigeants de l’Union européenne se réunissent en urgence aujourd’hui pour trouver des solutions au problème des migrants en Méditerranée, mais les actions envisagées sont jugées compliquées à mettre en œuvre. Le Mali compte des victimes dans ces naufrages sur la mer, mais aucun chiffre officiel n’a été communiqué pour le moment.
La commission européenne a déterminé 3 priorités : la première: Lutter contre les départs. La priorité est d’empêcher les bateaux de quitter les côtes de Libye. Les dirigeants européens doivent se prononcer sur une opération militaire, pour « identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu’ils ne soient utilisés par les trafiquants ». La saisie et la destruction des embarcations utilisées par les passeurs est également prévue.
Deuxième priorité : « Surveiller et sauver ». Les dirigeants européens doivent décider s’ils donnent plus de moyens à l’agence des frontières Frontex, et s’ils augmentent le champs des interventions en Méditerranée. Enfin troisième priorité, « Gérer les arrivées ».
La Commission européenne a proposé de relancer les programmes de « réinstallation ». Ils concernent uniquement des personnes ayant déjà obtenu le statut de réfugié. L’an dernier, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a demandé à l’UE d’accueillir 130.000 réfugiés syriens.
Elle n’en a accepté que 36.000. L’autre proposition de la Commission est la « ‘relocalisation », pour que les Etats acceptent de prendre en charge provisoirement une partie des migrants débarqués en Italie, à Malte et en Grèce, pour aider à traiter leur cas.
On estime à plus de 1.600 le nombre d’immigrés ayant péri dans la méditerranée depuis le début de l’année. On ne possède pas encore de chiffres officiels des victimes maliennes de ces naufrages. Et au sein de la communauté nationale qui vit en France, c’est la tristesse et l’incompréhension face à ce qui est considéré comme « un drame de l’immigration ».
Amédy Diarra est président du Conseil des Maliens de France. Il était l’invité hier de l’émission « Grand Dialogue » :
« La communauté est en émoi, parce que nous avions cru que après l’accalmie des événements de 2014 que les gens ont pris conscience de ce qui représente aujourd’hui la traversée de la méditerranée. Mais c’est sans compter avec peut être l’ignorance de nos populations par rapport à ça. Il y a toute une campagne qui est orchestrée à Libye faisant croire que la mer est calme ces temps-ci, qu’il n’y a pas de danger et que les gens peuvent embarquer. Même s’il n’y a qu’un Malien qui perd la vie, il la perd inutilement parce que l’eldorado ne se trouve pas forcement de ce coté de la méditerranée. On a appris des cas de pertes en vies humaines de Maliens. Maintenant c’est le nombre qui reste à confirmer. Nous avons des informations des gens de certains villages qui ont dit que des personnes de leur village qui sont dans les embarcations. Mais au jour d’aujourd’hui, ces personnes ne figures pas parmi les rescapés ».
De son côté l’Etat malien intensifie sa campagne de sensibilisation pour dissuader les éventuels candidats à l’immigration. En septembre dernier, les pouvoir publics ont mis en place un programme de réinsertion socio-professionnelle en faveur des jeunes.
Broulaye Keïta est conseiller technique chargé des questions migratoires au ministère des Maliens de l’extérieur. Il était également l’invité de l’ émission « Grand Dialogue » :
« Je pense qu’il y a énormément d’activités aujourd’hui à l’intention de la jeunesse. Mais on ferme les yeux sur tout ça pour dire que l’aventure c’est la solution la plus facile et qu’on peut réussir. Je pense qu’on se trompe de combat, on se trompe de projet et la suite c’est l’impasse. La mort c’est la fin. Il est très facile tout le temps d’accuser l’État. Moi je pense que la responsabilité aujourd’hui de la immigration irrégulière, c’est tout le monde. Au mois de septembre 2014, le gouvernement a adopté la politique nationale de migration qui est un projet ambitieux. Elle est sensée prendre en compte tous les projets de la migration, dont celui de la réinsertion à la base. Vous discutez avec des jeunes, ils diront que c’est parce qu’on a rien. Mais souvent c’est parce qu’ils n’ont pas conscience qu’ils ont quelque chose dans leur territoire. Moi, je dis qu’une fois que les jeunes ont la conscience qu’il y a des ressources à pouvoir exploiter, et que l’action de l’État (en ce qui nous concerne aujourd’hui) pouvait aider ces jeunes, je pense qu’on peut changé énormément de choses. Ils sont préoccupés par la gestion de leur frontière, mais nous, nous sommes préoccupés plutôt par la vie de nos concitoyens . Et la solution pour nous c’est quoi? C’est de travailler la conscience déjà des gens, en même temps venir par ce biais là accompagner les jeunes qui sont engagés , qui veulent réussir sur place ».