Le Maroc revient sur le devant de la scène des négociations. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération du Royaume du Maroc note « un recul » du processus de paix au nord du Mali en appelant à œuvrer pour une solution de compromis. Au même moment, le Mali sollicite « l’appui » de la Mauritanie dans la médiation aux côtés de l’Algérie.
Les termes du communiqué sont explicites. Le Royaume du Maroc note, avec une grande déception, le recul préoccupant que connaît le processus de paix au nord du Mali.
Le ministère des affaires étrangères du Royaume Chérifien souligne qu’« après une dynamique prometteuse, sous la houlette de la CEDEAO, le dossier malien est désormais traité de manière opportuniste, par des parties directement intéressées, et loin de son contexte légal et régional, prôné par les Nations Unies.
« La solution à la crise du Nord du Mali ne saurait être imposée », souligne le communiqué. Pour le ministère marocain, elle ne peut pas être obtenue, à coups de menaces, de manœuvres d’intimidation ou de chantage, surtout de la part de parties qui n’ont aucune légitimité pour le faire et qui ont toujours agi pour la déstabilisation de la région.
Selon le Maroc , « le Mali ne peut continuer à être traité comme une «arrière-cour privée» ou un terrain d’expérimentation.
Le Royaume du Maroc, qui entretient des liens denses et séculaires avec le peuple malien dans toutes ses composantes, appelle les forces vives du pays et ses autorités à œuvrer dans le sens d’une solution de compromis qui préserve l’intégrité territoriale, l’unité nationale du Mali et répondent aux aspirations de ses populations, y compris celles du nord du pays.
Pour certains observateurs, le Mali n’est qu’un prétexte dans cette déclaration du Maroc contre l’Algérie, chef de file de la médiation inter-Maliens. Selon eux, « le ton dur utilisé dans le communiqué témoigne du différend entre les deux pays dans le dossier sahraoui depuis de nombreuses années ».
Souleymane Drabo est éditorialiste au quotidien national « L’Essor ». Il est joint par Issa Fakaba Sissoko : « C’est assez difficile à expliquer pourquoi ce communiqué tombe en ce moment précis de la négociation. Le communiqué, il est assez surprenant sur le moment auquel il survient, mais dans le fond, il n’est pas surprenant. Car il s’inscrit dans le cadre d’une traditionnelle opposition entre le Maroc et l’Algérie, qui s’est cristallisée sur l’affaire du Sahara occidental depuis des années. Même si l’Algérie n’est pas nommément citée dans le communiqué, c’est de la médiation algérienne, chef de file de la médiation, qui est mise en cause par la partie marocaine. Donc, le moment est assez surprenant, sur le fond, rien ne doit surprendre. A mon avis, le Mali n’est qu’un prétexte. Un prétexte important dans la querelle entre le Maroc et l’Algérie. Le Maroc s’est servi de ce sujet parce qu’il était sur la table et il lui est pratique en ce moment. Donc, on lit bien dans le communiqué que les Marocains sont soucieux de ménager la sensibilité des Maliens, mais en même temps ils ont envie d’enfoncer ce qu’ils considèrent comme un échec de la diplomatie algérienne ».
De leur côté, les Etats unis apportent leur soutien à la médiation algérienne. Le secrétaire d’État américain John Kerry en présence de son homologue algérien Ramtane Lamamra a salué hier le rôle d’Alger en matière de sécurité régionale et notamment ses efforts de paix pour les conflits au Mali et en Libye Les deux ministres s’exprimaient dans le cadre du dialogue annuel « stratégique » entre Washington et Alger John Kerry a estimé cruciale, surtout face à l’instabilité croissante dans la région, les « efforts de médiation en vue d’un accord de paix au Mali ».
Le Premier ministre Modibo Keita de son coté a annoncé que la Coordination des Mouvements de l’Azawad a décidé de parapher l’accord d’Alger le 15 avril 2015 à Alger. Il a donné cette information ce matin devant les responsables politiques et les acteurs de la société civile lors d’une rencontre à la primature.