Un employé du Comité international de la Croix-Rouge a été tué dans l’attaque d’un convoi humanitaire près de Gao, qui a été revendiquée par un porte-parole du groupe jihadiste Mujao. Cette attaque a fait également un blessé toujours au sein de l’équipe du CICR. C’est la deuxième fois en moins d’un an que l’organisation est ciblée par le Mujao. En février 2014, quatre de ses membres avaient été enlevés alors qu’ils reliaient Kidal à Gao. Les otages avaient été libérés mi-avril de la même année à la faveur d’une opération menée par des militaires français dans le Nord.
Selon une source militaire au sein de la Minusma, l’attaque s’est déroulée entre Gao et Ansongo. Peu après, dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l’AFP à Bamako, Abou Walid Sahraoui, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest a revendiqué l’attaque ainsi que l’assassinat du chauffeur du CICR, laissant entendre que l’organisation humanitaire avait été ciblée. Selon le chef des opérations du CICR en Afrique du Nord et de l’Ouest, l’employé de l’ONG tué lundi « était parti de Gao au volant du camion qu’il conduisait jusqu’à Niamey, au Niger voisin, d’où il devait rapporter du matériel médical pour l’hôpital de Gao, qui en manque cruellement ».
Quant à l’employé de la Croix-Rouge malienne qui l’accompagnait, il « a été blessé mais ses jours ne sont pas en danger ». Pour ce responsable du CICR « les circonstances exactes de l’attaque ne sont pas clairement connues au stade actuel, mais le camion était clairement marqué de l’emblème du CICR ». De source militaire, on estime que l’assaut a été « bien préparé » et qu’ « il a été mené par aux moins six terroristes ».
Colère, tristesse et incompréhension aujourd’hui au siège du CICR à Bamako après l’attaque terroriste dont a été victime son convoi. L’organisation humanitaire qui envisageait il y a quelques semaines de « renforcer » son dispositif d’intervention dans la localité, a finalement décidé de suspendre ses activités dans l’ensemble du Nord du Mali. Elle exige des groupes armés « le respect du droit international humanitaire ».
Valéry M’Baoh Nana est responsable de la communication du bureau du CICR de Bamako. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Nous sommes très très attristés par cet incident qui a coûté la vie à notre collègue. Un collègue très dévoué, un collègue professionnel. Alors pourquoi le CICR ? Nous ne comprenons pas justement pourquoi est-ce que le CICR fait l’objet de telles attaques ? C’est extrêmement grave, et je voudrais très fermement condamner cet acte là et appeler toutes les parties au respect et à la protection des travailleurs humanitaires. Il est de leur responsabilité. Le camion, qui a été attaqué et dans lequel notre collègue a trouvé la mort, était identifié et identifiable par l’emblème de la Croix rouge. Il est inadmissible donc qu’une organisation humanitaire fasse l’objet d’une attaque. Il est clair que cet acte ne peut pas rester sans conséquence. On parle cas même de mort d’homme. C’est extrêmement grave et le CICR ne peut pas rester sans réaction. Nous devons prendre le temps de réfléchir, d’analyser et de comprendre pourquoi le CICR fait l’objet d’une telle attaque. Et nous prendrons effectivement les mesures qui s’imposeront à nous. Pour l’instant, nous avons décidé de suspendre momentanément nos mouvements sur l’ensemble des régions du nord en attendant d’y voir clair ».