Prévue le 26 mars prochain à Bamako, la signature de l’accord de paix définitif sera probablement reportée avec le refus de la Coordination des mouvements armés de parapher le document d’Alger. La communauté internationale continue d’exercer la pression sur la CMA. Le chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta, lui, est attendu demain en Algérie.
La médiation internationale ne veut pas parler d’échec. Le représentant spécial de l’Union africaine, Pierre Bouyoya, refuse d’envisager une nouvelle étape de négociations. La visite du président malien chez le chef de fil de la médiation sera largement consacrée à ce sujet.
Le refus de la coordination des mouvements armés de parapher le projet d’accord du 1er mars dernier obtenu à Alger, a relancé les débats sur le calendrier du processus de dialogue inter-Maliens.
La Coordination des mouvements armés de l’Azawad estime que l’accord d’Alger « est une bonne base pour la poursuite des discussions », mais qu’il « ne répond pas aux aspirations du peuple touareg. Selon elle, il doit être amélioré ». La coordination sollicite « une rencontre avec la médiation et les partenaires internationaux concernés, en vue d’échanger sur la suite du processus ». Cette proposition a été rejetée par Bamako, qui demande à la communauté internationale de « prendre ses responsabilités ».
Une position malienne partagée par la médiation internationale, qui estime que « la négociation est terminée et que les groupes armés de la coordination doivent parapher l’accord ».
Face au dialogue de sourd entre les parties, les observateurs s’accordent sur le risque d’un report de la signature de l’accord définitif prévue dans quelques jours à Bamako.
Pour de nombreux observateurs, le refus de la coordination des mouvements de l’AZAWAD de parapher le document d’Alger vise à « monter les enchères pour mieux négocier le sort des porteurs d’armes de leurs rangs». Selon les analystes, « les groupes armés finiront par signer ».
Pr. Issa N’Diaye est philosophe, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko : « Les groupes armés en question ont participé aussi à toutes les séances des négociations. Ils sont parfaitement au parfum du compromis qui a été trouvé par la médiation. Donc, il ne devrait pas y avoir de problème. Ce n’est pas étonnant. Mais ça l’air d’un barreau d’honneur, parce que les groupes rebelles en question savent très bien ce qu’ils doivent à certains des médiateurs, notamment les Occidentaux et particulièrement les Français. Le moyen de pression dont dispose la médiation internationale est assez conséquent. Elle a les moyens donc de faire pilier le MNLA et ses alliés. Je pense que c’est ce qui va se passer dans les jours à venir. Bien sûr, il y a une dramatisation de la situation. Ça permet de parler du MNLA. Je pense que dans tous les cas ils sont obligés de rentrer dans les rangs. S’ils ne rentraient pas dans les rangs, c’est leur survie en tant que mouvement, est réellement posé. Ils n’iront pas certainement jusqu’au suicide. Ils crient pour qu’éventuellement dans les dispositions pratiques à mettre en place, on lâchera quelques petites avantages pour eux, surtout pour les porteurs d’uniformes ».