A Alger les travaux de la réunion d’urgence du Comité de suivi et d’évaluation sont bloqués. La tension reste toujours vive entre les groupes armés de la coordination et ceux de la plate-forme qui s’accusent mutuellement d’avoir violé le cessez-le-feu. Dans ce contexte les négociations qui doivent aboutir à la signature d’un accord de paix définitif restent compromises. Selon les dernières informations, on apprend que le 4ème round des pourparlers de paix pourrait finalement reprendre demain à Alger.
Initialement prévue les 5 et 6 févier, la réunion d’urgence du Comité de suivi et d’évaluation a pour feuille de route de geler les positions des groupes armés sur le terrain. Cette réunion a été initiée par la Minusma, suite à la multiplication dans le nord des combats de ces dernières semaines. L’intensification des affrontements entre les groupes armés de la coordination et ceux de la plate-forme, notamment à Tabankort a provoqué la dégradation de la situation sur le terrain à quelques jours de l’ouverture annoncée du 4ème round des négociations. Depuis, les parties s’accusent mutuellement d’avoir violé le cessez-le-feu du 24 mai 2014.
Jointe, la force de l’ONU au Mali ne souhaite pas donner plus de détails sur les raisons de ce blocage à Alger. Toutefois, dans un communiqué, le Conseil de sécurité de l’ONU a exhorté en fin de semaine dernière, les différents groupes armés à s’inscrire dans la logique d’une sortie de crise.
Cet appel n’a pas contribué à faire diminuer la tension sur le terrain. Ce week-end, pas de retour au calme constaté. Les combats ont une nouvelle fois repris entre les belligérants. En attendant la cessation des hostilités, les espoirs de signature d’un accord définitif dans un bref délais s’éloigne petit à petit. Mais en fin de journée, les choses semblent évoluer.
Dans l’après midi des informations persistantes ont fait état de la reprise probable du 4ème round des pourparlers de paix demain à Alger. On annonce par ailleurs, que le Premier ministre malien, Modibo Keïta, arriverait ce mardi dans la capitale Algérienne.
Pour autant certains observateurs, estiment que le blocage de ces derniers jours était prévisible, en raison des rapports de force que les groupes armés tentent de mettre en place pour être maître du jeu. Pour eux, « il fallait s’attendre à l’échec de la réunion d’urgence d’Alger ». Ousmane Cornio est spécialiste des questions de sécurité et de règlement des conflits. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« S’il y a un blocage, c’est parce que la rencontre n’a pas été décidée par l’ensemble des parties. Elle a été décidé unilatéralement par la Minusma, qui avait presque deux intentions : la première, faire face à la montée des attaques au Nord dont elle même est victime. La Minusma a besoin des mesures pour se protéger. La deuxième intention est de faire respecter le cessez-le-feu. L’option choisie par la Minusma n’a pas été voulue par les parties, voilà pourquoi ça bloque. Vous savez, on ne peut pas tout prévoir en matière de gestion d’un conflit. Il y a de nouveaux acteurs qui apparaissent, et il faut les prendre en charge. Le Gatia n’était pas créé quand on signait le cessez-le-feu. Il faut reconnaître que le cessez-le-feu n’a jamais été respecté par l’autre partie qui harcelait et la Minusma et les populations. Les populations harcelées sont celles d’où proviennent les combattants du Gatia. Quand celui-ci s’est manifesté, il devient un acteur incontournable du jeu dans la zone du Nord. Tant qu’il n’y a pas cet accord sur le cessez-le-feu, je ne pense pas que les gens puissent se mettre à table alors qu’il se canardent sur le terrain ».