Après les violentes manifestations à Gao contre la Minusma, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a annulé sa participation au 24 ème sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba pour se rendre dans la cité des Askia. Avec ce déplacement IBK va tenter de calmer la tension toujours palpable dans la ville malgré un calme encore précaire.
C’est à bord d’un appareil affrété par les Nations-unies que le chef de l’Etat malien s’est rendu ce jeudi à Gao . Sur place, sa protection a été assurée par les forces de sécurité maliennes et par les Casques bleus de la Minusma.
Première du genre depuis son arrivée à Koulouba, la visite d’IBK à Gao fait figure de symbole aux yeux de nombreux observateurs. Ses opposants lui ont toujours reproché de ne pas s’être rendu dans Nord, malgré le contexte.
Accompagné par le numéro deux de la Minusma, le Béninois Arnaud Akodjènou, IBK est arrive dans la Cité des Askia après trois jours de violentes manifestations contre les forces onusiennes.
Ces événements ont provoqué la mort de trois civils et fait de nombreux blessés. La Minusma est accusée d’avoir « tiré » sur les manifestants. Ce que les responsables de la force onusienne au Mali ont démenti, en promettant toutefois une enquête.
A l’origine de cette tension, la signature, le week-end dernier, d’un accord de convention entre la Minusma et les mouvements armés de la coordination, composés du MNLA et ses alliés. Cet accord devait permettre l’établissement d’une « zone temporaire de sécurité » dans les vallées de Tabankort, Tarkint et de Tilemsi.
Selon les manifestants de Gao, ce document traduit « la volonté des forces de l’ONU de désarmer les combattants des groupes d’auto-défense », qui se sont violemment affrontés ces dernières semaines aux mouvements de la coordination.
Arrivé à Gao, le chef de l’Etat malien a rendu visite aux blessés des manifestations, et a rappelé que « l’intégrité du territoire malien reste inviolable ».
La représentante du secrétaire général de l’ONU pour le Sahel est revenue sur les récents événements qui se sont déroulés dans le nord du pays . Hiroute Guébré Sélassie reconnaît que la mission d’une force de maintien de la paix est délicate. Lors des événements de Gao et de Tabankort, la Minusma, selon elle, « a réagi en état de légitime défense ». Pour autant, la représentante des Nations unies reste optimiste sur l’aboutissement prochain d’un accord de paix. Sur la question, Hiroute Guébré Selassié s’est exprimée ce matin sur RFI.
« Une mission de maintien de la paix a, de temps en temps, des difficultés. Elle est parfois perçue comme une force qui n’aide pas ou qui ne fait pas assez, ou encore qui en fait trop. Dans ce cas particulier, la Minusma a réagi en légitime défense. Elle était ciblée, elle a été attaquée et donc une riposte était nécessaire. C’est ce qu’elle a fait. Que ce soient ses frappes sur le véhicule du MNLA à Tabankort, ou encore sa réaction face aux manifestants à Gao, la Minusma s’est expliquée. Elle était attaquée et elle a riposté. Pour le moment il y a un malentendu qui, je pense se décantera dans les semaines qui suivent.
Pour ce qui est des négociations d’Alger, je pense qu’elles aboutiront, car il n’y a pas d’autre issue. Donc des parties, qui savent qu’il n’ y a pas d’autres alternatives, finiront par se mettre d’accord ».