Des milliers des personnes manifestent depuis hier dans les rues de Gao. Elles protestent contre la Minusma. A l’origine de ces rassemblements , le projet de convention entre les forces onusiennes et les mouvements de la coordination des groupes armés pour « l’établissement d’une zone temporaire de sécurité » des vallées de Tarkint, du Tilemsi et de Tabankort. Aujourd’hui la ville était paralysée. La plupart des commerces sont restés fermés .
Organisée à l’appel du Conseil régional de la jeunesse de Gao, la marche a conduit les manifestants au quartier général de la Minusma. Ses représentants ont remis aux responsables de la force onusienne une déclaration qui exige le transfert de la zone temporaire à Kidal. Les manifestants demandent en outre aux mouvements de la plate-forme de « garder leur position à Tabankort ».
Le week-end dernier, un accord de convention a été signé à Kidal entre la Minusma et les mouvements de la coordination, composés du MNLA et ses alliés. Cet accord permet l’établissement d’une zone temporaire de sécurité » dans les vallées de Tabankort, Tarkint et de Tilemsi.
Dans un communiqué, la Minusma a dénoncé les « graves retouches » faites document initial sans autres précisions. Les manifestants de Gao, ont une autre lecture de cet accord. Selon eux, il traduit « la volonté des forces de l’ONU de désarmer les combattants des groupes d’auto-défense », qui se sont violemment affrontés ces dernières semaines aux mouvements de la coordination.
Les manifestations ont repris ce matin avec des slogans hostiles à la Minusma. Selon plusieurs témoins, la ville était paralysée pendant plusieurs heures de la journée et les banques et un certain nombre de commerces ont été fermés.
A cette heure la situation reste toujours tendue à Gao. Les manifestations de ce matin ont regroupé, selon les organisateurs plus de 50.000 personnes. Selon eux, pas question de mettre en œuvre le projet d’accord de sécurisation temporaire convenu entre la Minusma et les groupes armés de la coordination.
Aboubacrime Bouhaïna est le président du Conseil régional de la jeunesse de Gao. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Dans ce document là, il est indiqué que la zone de sécurité sera entre Annefis et Almoustrat. Cette situation ne nous arrange pas, parce que nous pensons que les groupes d’auto-défense qui se trouvent au niveau de Tabankort doivent y rester constituer un verrou inviolable pour les communautés de la région de Gao. Si ce verrou là saute, les jeunes du MNLA qui n’ont jamais respecté le cessez-le-feu, vont tenter de rentrer dans la ville de Gao. Donc nous prenons toutes les dispositions pour que ce verrou ne saute pas. Nous avons donc mobilisé tous les jeunes à rester sur le terrain du combat. Ce matin plus de 50.000 jeunes sont sortis dans la ville de Gao à l’appel des communautés de Gao. Nous avions un rendez-vous avec les responsables de la Minusma, il y a eu des gens mal intentionnés qui ont appelé à se diriger contre la Minusma. En conséquence, il y a eu des tirs qui ont fait deux morts et deux blessés. Nous sommes en train de nous réunir pour prendre de nouvelles dispositions. Voilà la situation que nous vivons à Gao, la ville est sous tension. Tout le monde est préparé parce que nous ne seront jamais d’accord que les Nations unies prennent partie dans une situation où elles sont sensées être neutres ».
Les manifestations ont dégénéré aujourd’hui devant le quartier général de la Minusma. On compte plusieurs morts et des blessés. Pour l’instant aucun bilan officiel n’a été communiqué. Selon le numéro deux de la Minusma Arnaud Akodjènou, aucune force de la mission n’a tiré sur les manifestants. Toujours selon lui aucun, ordre n’a été donné de faire usage d’armes. « Je suis formel » a-t-il déclaré.
Le ministre de la sécurité, lui, est attendu à Gao dans les prochaines heures. Selon plusieurs sources, un contingent des forces de la Minusma en position à Ansongo devrait être envoyé en renfort dans la ville.